jeudi 11 mai 2006

Trust (trust me)


"Dangereux parce que sincère."

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Faut-il ne voir en Hal Hartley qu'un cinéaste pour critiques et festivals indépendants ? Apprécié par les premiers, souvent présent dans les seconds, ce natif de Long Island, souvent abusivement comparé à Jim Jarmusch et Steven Soderbergh, est avant tout un auteur et un créateur original, excentrique pourrait-on dire si la connotation courante, empruntée à l'anglais, du vocable n'était pas si forte. Trust, son deuxième long métrage, s'inscrit, en plus sombre, dans la continuité du précédent dont il reprend l'actrice principale, Adrienne Shelly. Primé* pour son scénario au Festival de Sundance en 1991, il recevait la même année le "Prix du public"* à Deauville.
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Maria Coughlin est une jeune lycéenne un peu rebelle malgré son look de poupée Barbie. Ses renvois répétés de classe sont à l'origine d'une dispute avec ses parents qui dégénère lorsqu'elle leur apprend qu'elle est enceinte. Son père s'effondre d'ailleurs peu après, mort, après qu'elle lui ait rendu sa gifle et Maria est chassée par sa mère du domicile familial. De son côté, l'imprévisible Matthew Slaughter quitte son emploi dans une usine de matériel électronique, créant la colère de son père, un ancien combattant de Corée maniaque de la propreté. Les deux jeunes gens vont se rencontrer en ville, Matthew proposant à Maria, dont l'apparence sera bientôt radicalement transformée, de l'héberger chez lui.
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En regardant le bien intitulé Trust (thème déjà en partie développé dans The Unbelievable Truth), on image aisément qu'il puisse s'agir d'une production... britannique réalisée par le fils (spirituel) de Ken Loach. Comparaison flatteuse car il y a, en effet, beaucoup d'intelligence, de maturité et de raffinement dans cette belle et tragique histoire d'amour sur fond de drame social concoctée par Hal Hartley. Quelques éléments autobiographiques affleurent dans ce récit de dépendance, de responsabilité et de sacrifice dans lequel la famille est omniprésente (et surtout étouffante), y compris dans l'intrigue secondaire. Le réalisateur a épuré son style, notamment dans la subtile explicitation des non-dits et des silences. Outre l'ex-débutante Adrienne Shelly, qui s'essaiera peu après avec un certain succès à la réalisation, le film peut compter sur un casting séduisant et de qualité, notamment le comédien de théâtre Martin Donovan que l'on reverra dans plusieurs des œuvres de Hartley. Un clin d'œil pour conclure : les cinq principaux acteurs apparaîtront tous mais séparément dans la série de Dick Wolf, Law & Order.
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*ex-aequo dans les deux cas avec Hangin' with the Homeboys de Joseph B. Vasquez.

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