"Je veux toute la vie."
Avant de partir aux Etats-Unis pour y réaliser l'inutile remake d'un fameux thriller japonais, Walter Salles savait trouver, avec la collaboration de Daniela Thomas et de Marcos Bernstein notamment, le sujet de ses films. Et avec quels talent et succès. L'étonnant et envoutant Terra Estrangeira,
son deuxième long métrage, primé à plusieurs reprises, est d'ailleurs
considérés à juste titre par les cinéphiles comme l'une de ses
meilleures productions avec l"Ours d'or" berlinois Central do Brasil. Il est aussi celui qui l'a fait connaître du public français, décrochant au passage le "Grand prix" décerné par celui-ci lors des premières Rencontres Internationales du Cinéma de Paris en 1997.
São
Paulo, le 13 mars 1990. A la veille de l'accession de Fernando Collor
de Mello à la présidence du Brésil au terme des premières élections
démocratiques organisées dans le pays depuis vingt-neuf ans, Manuela Eizaguirre, une modeste couturière, essaie de convaincre son fils Francisco dit Paco
de partir en vacances pour Saint-Sébastien, la ville basque espagnole
où elle est née. Mais ce projet semble une pure folie compte tenu de
leur situation financière et de la grave crise économique que connaît le
pays. Et puis Paco voudrait devenir comédien. A peu près au même moment, Alex, une Brésilienne émigrée à Lisbonne et serveuse dans un troquet, quitte son ami Miguel, trompettiste et intermédiaire dans un trafic de pierres précieuses. Lorsque Manuela meurt brusquement chez elle, Paco accepte d'emmener dans la capitale portugaise une valise pour le compte d'Igor Bentes Pena,
un inconnu rencontré dans un bar. Avec dans l'idée de profiter de ce
voyage pour se rendre dans la ville où sa mère ne retournera désormais
plus.
Drame poétique, aux allures de film noir revisité, construit sur un scénario original, Terra Estrangeira nous transporte littéralement dans son intrigue croisée à la fois simple et dense. Le cinéaste brésilien et co-producteur du Cidade de Deus de Fernando Meirelles, associé comme sur O Primeiro Dia et Abril Despedaçado à Daniela Thomas,
fait preuve de beaucoup de maîtrise et de vitalité dans la mise en
scène de cette tragique histoire d'exil et de la réalisation d'un double
rêve. Une énergie probablement nourrie par sept ans de quasi glaciation
créatrice liée à la crise qu'a connu son pays entre 1990 et 1998,
l'obligeant à produire des documentaires pour une chaîne de télévision
étrangère. Le film, splendidement photographiée en noir et blanc par
l'excellent et maintes fois récompensé Walter Carvalho,
ne révèle pas tous ses charmes au premier visionnage... un gage
habituel de qualité et la justification, même tardive, d'une édition
vidéo.
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