"Vingt ans, d'accord... Vingt ans de prison, mais pas vingt ans de cercueil."
Au moins depuis le personnage d'Arsène Lupin imaginé et créé par Maurice Leblanc
au début du XXe siècle, la France semble apprécier les criminels qui
sortent de l'ordinaire, leur vie faisant souvent l'objet d'adaptation au
cinéma. L'anarchiste Jules Bonnot, fondateur en 1911 de la fameuse bande
qui portait son nom peu de temps après avoir été, cela n'est pas très
connu, le chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle, est apparu sous les traits de Bruno Cremer en 1969. René Girier dit René 'la Canne', l'ennemi public n°1 des années 1940 et 1950 a été en 1976 le vedette d'un film de Francis Girod avec Gérard Depardieu dans le rôle titre. Et, la même année, Albert Spaggiari, fut l'auteur du "casse du siècle" à Nice, interprété en 1979 par Francis Huster pour José Giovanni.
C'est
également en 1979, le 2 novembre à 15h15 sur la place de la Porte de
Clignancourt précisément, que prenait fin la carrière de Jacques Mesrine, "l'homme aux mille visages",
abattu de dix-huit balles, soit huit de plus que pour Bonnot
soixante-sept ans auparavant, par le commissaire Robert Broussard et ses
hommes de la Brigade de répression du banditisme. C'est à cette, à bien
des égards étonnante, carrière de dix-sept ans qu'est consacré le
documentaire, sorti dans une presque totale confidentialité en 1984, d'Hervé Palud reconverti depuis, comme on le sait, dans la comédie. La même année (encore !) que le médiocre Mesrine d'André Génovès avec Nicolas Silberg.
Jacques Mesrine
est un travail plus descriptif que véritablement analytique. A partir
d'archives visuelles et sonores, notamment de Mesrine pour ces
dernières, du témoignage de parents (sa mère, sa fille Sabrina), de deux de ses compagnes, d'amis et camarades de détention, de ses avocats, de journalistes et de policiers dont Roger Borniche,
un portrait plutôt laudatif du célèbre malfaiteur, aux évasions
romanesques, prend forme. Incontestablement intelligent, amateur de
cinéma, Mesrine,
à la "philosophie" tout de même très basique, ne possède pas la
dimension de mythe dont il est complaisamment gratifié par certains*.
Exécuté dans des circonstances controversées, il a toutefois posé
quelques bonnes questions, comme celle des conditions de détention, et
était le symptôme vivant d'une inquiétante perte des valeurs morales et
d'une rupture sociale qui reste plus que jamais d'actualité.
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*le chanteur Renaud
lui a dédié son album "Marche à l'ombre" (1980) et plusieurs groupes
font référence au gangster. Un projet de deux (?) films, avec Vincent Cassel dans le rôle principal, semble avoir quelques difficultés à être produit.
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