lundi 15 mai 2006

The Dark


"... Rejoint les aisselles d'Annwyn"

Très libre adaptation du premier roman de l'écrivain britannique Simon Maginn, "Sheep", publié en 1994, The Dark permettait à John Fawcett de renouer avec le cinéma après un long intermède télévisuel, marqué notamment par la direction du pénultième épisode de la série Taken. A posteriori, ce retour est-il justifié ? Avec son intrigue inutilement alambiquée et sa mise en scène un peu poussive, ce troisième long métrage, s'il se laisse voir sans douleur, est néanmoins le moins réussi du réalisateur canadien. Le public l'a d'ailleurs quasiment ignoré, y compris en France où il n'est resté à l'affiche qu'une semaine avec une distribution, il est vrai, très étroite. Et Fawcett est repassé depuis... au petit écran.
Après le départ de son père James, Sarah est restée à New York avec Adèle, sa mère. Leur relation est plutôt difficile et la jeune fille aimerait aller vivre chez son père au pays de Galles ou, au moins, le retrouver rapidement à l'occasion d'un voyage. Sarah et Adèle arrivent bientôt dans la grande maison, nichée sur une falaise perdue, que James retape avec l'aide de l'autochtone Dafydd. Celui-ci est amené à raconter à Adèle, au cours d'une promenade, le drame qui s'est déroulé sur place, un demi siècle plus tôt, le suicide collectif d'une communauté sous l'impulsion de leur pasteur, Rowan surnommé 'le Berger'. Des familles entières se sont précipitées dans l'océan du haut de l'impressionnante falaise sur laquelle ils se tiennent à présent. Au même moment, Sarah se retrouve, de manière apparemment accidentelle, sur le chemin d'un troupeau de moutons, lesquels la piétinent avant de se jeter, sans raison logique, dans le vide. Le lendemain, la jeune fille disparaît, probablement noyée en tombant de rochers faisant une digue naturelle dans la mer. Mais la nuit suivante, Adèle croit la reconnaître dans la cour de la maison et la suit jusqu'au vieil abattoir attenant.
Il ne reste presque rien de l'ouvrage originel dans le scénario de The Dark. Le frère de la jeune fille morte par noyade a été gommé, l'art pictural du père, qui occupe une place importante dans le livre, est seulement évoqué et la cruciale dimension psychologique largement édulcorée. Mais cela n'aurait pas d'importance si le film tenait ses promesses* et ne donnait pas rapidement d'inquiétants signes d'errance narrative. Comme si le script était écrit, sans recul, au fur et à mesure du tournage. L'ambiance vaguement gothique, installée à grands coups de mouvements de caméra et par un montage présumé dynamique, se délite autour de superbes images, en plan fixe, des décors naturels choisis. Dommage, car les ressorts de l'histoire initiale étaient efficaces et l'introduction d'éléments de la mythologie galloise était susceptible de les renforcer au point d'approcher les modèles énoncés par le producteur Jeremy Bolt(The Hole), The Others et The Ring.
Maria Bello, sur laquelle repose l'essentiel du film, offre une palette de jeu étriquée, largement moins convaincante que celle utilisée pour le personnage d'Edie Stall dans A History of Violence, sorti à la même époque. La place laissée à Sean 'Boromir' Bean est, encore une fois, scandaleusement exiguë, presque aussi secondaire que celle occupée par son compatriote Maurice Roëves. Intéressante prestation de la débutante et locale Abigail Stone, supérieure à celle de sa partenaire Sophie Stuckey, pourtant "dessalée" par de précédents tournages.
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*et celle, identique et répétée, de ses créateurs et acteurs : nous faire "vraiment" peur.

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