"Tu étais au dehors ce que je ressentais en dedans."
Pour apprécier un tant soit peu Shall We Dance, mieux vaut probablement ne pas avoir vu l'original du japonais Masayuki Suo. La version de Peter Chelsom est, en effet, moins subtile et, dans l'ensemble, moins réussie. Est-elle, pour autant, décevante ? Non, sauf pour ceux qui possèdent des pieds plats ou sont atteints d'une apathie sérieuse. Il faut reconnaître à l'ancien photographe et réalisateur britannique un certain talent de mise en scène, aidé par le travail de son chef opérateur John de Borman, qui permet au film de se démarquer sensiblement des habituelles et médiocres comédies romantiques états-uniennes.
Tout semble aller pour le mieux dans la vie de John Clark. Une famille classique mais équilibrée et un cabinet de notariat prospère constituent l'environnement douillet et routinier de sa maturité. Clark n'est, pourtant, pas heureux. Un soir, en rentrant chez lui en métro, il aperçoit une jolie jeune femme à la fenêtre d'une salle d'un cours de danse. Après avoir hésité, il s'y rend et rejoint, un peu malgré lui, un groupe de débutants formé de l'imposant Vern et du tombeur Chick. Clark se prend au jeu (de jambes) de cette nouvelle discipline, d'autant que la belle et experte inconnue, Paulina, blessée par une double expérience malheureuse, n'est jamais très loin et qu'elle remplace même, parfois, Miss Mitzi, la professeur et propriétaire des lieux. L'active Beverly, s'inquiétant des retards réguliers de son époux et soupçonnant une liaison, engage alors un détective privé.
Shall We Dance et son modèle asiatique font, bien sûr, référence à la comédie musicale homonyme de Mark Sandrich avec Fred Astaire et Ginger Rogers. Il est cependant peu vraisemblable que le film de Chelsom reste dans les annales comme ce dernier ou comme le Swing Time de George Stevens dans lequel John "Lucky" Garnett (Astaire) tombait, lui aussi, amoureux de son professeur de danse Penelope "Penny" Carrol (Rogers). Il ne possède pas, non plus, la moiteur sensuelle du Dirty Dancing d'Emile Ardolino qui avait révélé Patrick Swayze. Mais l'histoire fonctionne et, contre toutes attentes, le casting aussi, d'autant que le scénario a l'intelligence d'éviter les banales turpitudes qui lui auraient ôté l'essentiel de sa crédibilité. Le film est, certes, conventionnel mais il est une intéressante illustration d'une victoire, ici accidentelle, sur le refoulement des aptitudes créatrices et de la capacité de sublimer le désir par l'art.
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