Diffusés à partir du 23 juin 2005 (en seconde partie de soirée à la place de Nip/Tuck) sur M6, les dix épisodes de la série belge flamande Matroesjka's (du nom des fameuses poupées russes emboîtées)
reposent sur une riche idée : traiter d'un sujet d'actualité sérieux
offrant la particularité de pouvoir montrer de jolies jeunes femmes en
petite tenue. L'ordre des priorités n'est pas flagrant, mais le
visionnage des chapitres les plus tardifs semble irrésistiblement
privilégier l'impératif "commercial" plutôt que les aspects sociaux. Et
s'il semble qu'Amnesty International ait décidé d'inclure des
extraits de la série dans ses films pédagogiques diffusés dans les
lycées d'Europe de l'Est, il est, en revanche, moins sûr que l'ONG
fondée par l'avocat anglais Peter Benenson, décédé en début d'année,
puisse réellement servir de caution à l'ensemble de cette œuvre de
fiction.
Deux
jeunes femmes russes sont retrouvée, mortes et décapitées, au bord d'un
canal de la campagne anversoise. Pendant que les inspecteurs Clem De Donder et Laura Keyser mènent leur enquête, Raymond Van Mechelen et Marc Camps sont à Vilnius pour recruter, comme danseuses, des ressortissantes russes et lituaniennes, rabattues par le local Arnas. Daria (malgré les conseils de prudence de son amie la bien-nommée Kasandra et du journaliste belge Nico Maes), Eva, Debora, Inesa, Luna, Olga et Kalinka,
laquelle appartient déjà secrètement au réseau, signent leur contrat
rédigé en grec et embarquent à bord d'un car. Après de fausses vacances à
Chypre, où les candidates retenues apprennent les rudiments de leur
futur job après avoir été "mises en condition" par le brutal sacrifice
de l'une d'entre elles, les sept jeunes femmes vont atterrir au "Studio 69" de John Dockx où elles devront donner du plaisir, pas seulement visuel, aux clients.
Les
filières clandestines de prostitution en provenance de l'Europe
orientale suscitent naturellement la curiosité et alimentent les
fantasmes des citoyens de nos pays réputés développés. En particulier en
France où, contrairement aux Pays-Bas par exemple, la tradition, depuis
1946, est de régulièrement légiférer ou décréter pour faire disparaître
(camoufler ?) ce fléau qui est aussi, hélas, une réalité (voir notamment l'article édifiant dans le "Libération" du 22 janvier 2005).
Par ailleurs, une récente enquête en Grande-Bretagne révélait que les
anglais consacraient d'avantage de leurs ressources au marché du "plus
vieux métier du monde" qu'au... cinéma. C'est également dans ce pays
qu'a été produite, à peu près en même temps que la série créée par le
duo flamand Goossens-Punt, le récompensé téléfilm en deux parties Sex Traffic, diffusé sur Canal +.
Matroesjka's, sous-titré "le trafic de la honte",
n'a pas la qualité et, surtout, la densité de ce dernier. Après un
remarquable premier épisode, réalisé avec un intéressant réalisme
documentaire et marqué par un final assez fort, le contenu narratif
s'étiole progressivement et la série se "derrickise"
nettement. Pire, et sans trop forcer la caricature, on hésite entre
accorder notre sympathie aux vraies victimes qui perdent rapidement leur
innocence et, parfois, leur moralité et s'amuser des mésaventures de
leurs brutaux mais surtout stupides tortionnaires. Quant aux vertus
pédagogiques, il doit falloir savoir lire entre les lignes.
Rassurez-vous, pas celles de coke, que le scénario a eu, au moins,
l'intelligence de nous épargner !
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