lundi 28 novembre 2005

Matroesjka's (matrioshki)


Diffusés à partir du 23 juin 2005 (en seconde partie de soirée à la place de Nip/Tuck) sur M6, les dix épisodes de la série belge flamande Matroesjka's (du nom des fameuses poupées russes emboîtées) reposent sur une riche idée : traiter d'un sujet d'actualité sérieux offrant la particularité de pouvoir montrer de jolies jeunes femmes en petite tenue. L'ordre des priorités n'est pas flagrant, mais le visionnage des chapitres les plus tardifs semble irrésistiblement privilégier l'impératif "commercial" plutôt que les aspects sociaux. Et s'il semble qu'Amnesty International ait décidé d'inclure des extraits de la série dans ses films pédagogiques diffusés dans les lycées d'Europe de l'Est, il est, en revanche, moins sûr que l'ONG fondée par l'avocat anglais Peter Benenson, décédé en début d'année, puisse réellement servir de caution à l'ensemble de cette œuvre de fiction.
Deux jeunes femmes russes sont retrouvée, mortes et décapitées, au bord d'un canal de la campagne anversoise. Pendant que les inspecteurs Clem De Donder et Laura Keyser mènent leur enquête, Raymond Van Mechelen et Marc Camps sont à Vilnius pour recruter, comme danseuses, des ressortissantes russes et lituaniennes, rabattues par le local Arnas. Daria (malgré les conseils de prudence de son amie la bien-nommée Kasandra et du journaliste belge Nico Maes), Eva, Debora, Inesa, Luna, Olga et Kalinka, laquelle appartient déjà secrètement au réseau, signent leur contrat rédigé en grec et embarquent à bord d'un car. Après de fausses vacances à Chypre, où les candidates retenues apprennent les rudiments de leur futur job après avoir été "mises en condition" par le brutal sacrifice de l'une d'entre elles, les sept jeunes femmes vont atterrir au "Studio 69" de John Dockx où elles devront donner du plaisir, pas seulement visuel, aux clients.
Les filières clandestines de prostitution en provenance de l'Europe orientale suscitent naturellement la curiosité et alimentent les fantasmes des citoyens de nos pays réputés développés. En particulier en France où, contrairement aux Pays-Bas par exemple, la tradition, depuis 1946, est de régulièrement légiférer ou décréter pour faire disparaître (camoufler ?) ce fléau qui est aussi, hélas, une réalité (voir notamment l'article édifiant dans le "Libération" du 22 janvier 2005). Par ailleurs, une récente enquête en Grande-Bretagne révélait que les anglais consacraient d'avantage de leurs ressources au marché du "plus vieux métier du monde" qu'au... cinéma. C'est également dans ce pays qu'a été produite, à peu près en même temps que la série créée par le duo flamand Goossens-Punt, le récompensé téléfilm en deux parties Sex Traffic, diffusé sur Canal +.
Matroesjka's, sous-titré "le trafic de la honte", n'a pas la qualité et, surtout, la densité de ce dernier. Après un remarquable premier épisode, réalisé avec un intéressant réalisme documentaire et marqué par un final assez fort, le contenu narratif s'étiole progressivement et la série se "derrickise" nettement. Pire, et sans trop forcer la caricature, on hésite entre accorder notre sympathie aux vraies victimes qui perdent rapidement leur innocence et, parfois, leur moralité et s'amuser des mésaventures de leurs brutaux mais surtout stupides tortionnaires. Quant aux vertus pédagogiques, il doit falloir savoir lire entre les lignes. Rassurez-vous, pas celles de coke, que le scénario a eu, au moins, l'intelligence de nous épargner ! 

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