Producteur de Jian gui, Peter Ho-sun Chan décide de rééditer, deux ans plus tard, la formule de San geng (dont il était aussi le réalisateur du dernier segment), la Thaïlande cédant, cette fois, la place au Japon. L'unité thématique (les fantômes) disparaît également, laissant aux trois cinéastes une plus grande liberté d'expression pour peu qu'elle réponde à ce critère superlatif suggéré par leur bannière commune. Cet extrême (à la connotation bien plus marketing qu'artistique) est-il réellement atteint ? La réponse est plutôt négative. D'abord parce que les éléments de films à segments sont, par nature, inégaux et Three... Extremes n'échappe pas à la règle. Ensuite, parce qu'il ne peut y avoir, compte tenu de leur diversité, d'impression cumulative. Le format, en revanche, favorise la concision, donc le rythme et le caractère incisif de la narration. Cet aspect révèle, là encore, la grande disparité existant entre les réalisateurs.
Gaudzi (nouvelle cuisine) : Mme Li est une ancienne vedette de cinéma à la beauté désormais fanée. Son homme d'affaires de mari ne la délaisse-t-il pas au profit de chairs plus fraîches ? Pour tenter d'enrayer le phénomène, voire de l'inverser, Mme Li se rend chez 'Tante' Mei, une immigrée chinoise habitant dans un quartier populaire de Hong Kong, dont les raviolis ont la réputation d'avoir des vertus rajeunissantes. Leur prix élevé n'est pas un obstacle pour la riche et célèbre bourgeoise. Il est vrai que les ingrédients sont d'une grande rareté, en particulier lorsque Mei se charge elle même d'en faire la "récolte".
Coupez ! : le jeune et talentueux réalisateur Ryu Ji-ho rentre chez lui après une journée réussie de tournage. Son épouse s'étant absentée de leur belle et grande maison, Ryu se prépare sa boisson diététique à base de salade lorsqu'il est surpris par une coupure de courant avant d'être assommé par un inconnu. Lorsqu'il retrouve ses esprits, ses poignets sont attachés et un long ruban le tient en laisse ; sa femme est, elle, assise à son piano, prisonnière d'un étrange faisceau de cordes métalliques. Le mystérieux étranger, en réalité un figurant des films de Ryu irrité par la réussite du cinéaste mais surtout par sa provocante gentillesse, lui laisse l'alternative suivante : tuer une fillette ligotée et bâillonnée ou assister à l'amputation progressive, toutes les cinq minutes, des doigts de sa pianiste d'épouse.
La Boite : Kyoko, une romancière à succès, fait l'étrange rêve d'être enfermée dans une boite et enterrée vivante au milieu d'un champs recouvert de neige. Un jour où elle reçoit la visite de son éditeur, lequel n'est pas insensible à son charme, pour lui remettre un manuscrit, elle a l'apparition de Shoko, sa jeune sœur jumelle morte, plusieurs années auparavant, dans des circonstances tragiques.
Three... Extremes peut être vu comme une variation collective sur trois des sept péchés capitaux, dans l'ordre, l'orgueil, la colère et l'envie. A titre de comparaison, aucun des trois segments n'atteint la qualité du Chez nous de San geng. L'esthétisant Nouvelle cuisine (dont il existe une version longue de quatre-vingt onze minutes) de Fruit Chan est d'assez mauvais goût, Coupez ! fait, à nouveau, la démonstration de la créativité, de la fulgurante folie et de l'humour de Park, mais sans toutefois convaincre complètement. Au final, c'est l'étrange et poétique Boite de Miike qui, par son classicisme (un comble chez ce cinéaste) et sa nonchalance légèrement décalée, séduit le plus.
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