Chicago
a été, et reste aujourd'hui encore, l'un des lieux les plus actifs de
la musique depuis plus d'un depuis siècle. Terre d'exil (la seconde)
pour de nombreux sudistes Noirs au début du XXe siècle, la troisième
cité US par sa démographie est devenue, presque naturellement, la cité
du blues avant d'être celle de la house music. Buddy Guy,
Howlin' Wolf, Muddy Waters ou Willie Dixon, pour n'en citer que quelques
uns, ont fait ou font encore résonner leur guitare et leur voix au bord
du lac Michigan et Nat King Cole
ou Tony Bennett ont chanté sa louange dans une chanson composée par
Fred Fisher. Parmi les acteurs qui ont contribué à ce dynamisme
artistique figurent les frères Leonard et Phil Chess, fondateurs, en
1950 à partir du label Aristocrat, de Chess Records.
Surtout connus pour leur implication dans le rock & roll, ils sont à
l'origine de la carrière musicale de l'ex-camionneur Muddy Waters. De
nombreux artistes ont été associés à leur label* avant qu'il ne soit
cédé, en 1969, à General Recorded Tape puis, en 1975, à All Platinum Rec. C'est l'histoire de Chess Rec. qui sert de toile de fond au Godfathers and Sons de Marc Levin.
Mais le "prétexte" du film et son objectif est de montrer, à travers
les témoignages et le projet commun du fils de l'un des fondateurs de la
maison de disques, Marshall Chess, et du rappeur Chuck D, figure de proue de Public Enemy, la filiation du hip hop avec le blues.
En 1968, Marshall Chess a l'idée (saugrenue ?!)** de faire de Muddy Waters un "produit" susceptible d'être mieux vendu à son nouvel auditoire Blanc. Cela donne naissance à "Electric Mud", un disque de blues aux accents psychédéliques sous influence hendrixienne. Le disque, qui reprend le "Let's Spend the Night Together" des Stones, est un échec commercial (même si son initiateur revendique entre cent cinquante et deux cents mille albums vendus). Près de trente-cinq ans après, Chess récidive en enregistrant une nouvelle version du disque, sans Muddy Waters, décédé en 1983, mais avec les membres survivants du groupe qui l'accompagnait et y associe Chuck D et Common, un talentueux jeune rappeur né à Chicago, apparu au début des années 1990. Coïncidence, ces deux artistes connaissent et apprécient "Electric Mud", Chuck D a même découvert Muddy Waters et le blues grâce à lui. Ce sont les séances d'enregistrement au mythique studio Electric Lady de New York qui closent le documentaire. Auparavant, Marshall Chess offre à son nouveau jeune ami une visite guidée des hauts lieux de sa ville, notamment Maxwell Street, et nous narre, à travers l'épopée de Chess Rec., un fragment de l'histoire du blues.
En 1968, Marshall Chess a l'idée (saugrenue ?!)** de faire de Muddy Waters un "produit" susceptible d'être mieux vendu à son nouvel auditoire Blanc. Cela donne naissance à "Electric Mud", un disque de blues aux accents psychédéliques sous influence hendrixienne. Le disque, qui reprend le "Let's Spend the Night Together" des Stones, est un échec commercial (même si son initiateur revendique entre cent cinquante et deux cents mille albums vendus). Près de trente-cinq ans après, Chess récidive en enregistrant une nouvelle version du disque, sans Muddy Waters, décédé en 1983, mais avec les membres survivants du groupe qui l'accompagnait et y associe Chuck D et Common, un talentueux jeune rappeur né à Chicago, apparu au début des années 1990. Coïncidence, ces deux artistes connaissent et apprécient "Electric Mud", Chuck D a même découvert Muddy Waters et le blues grâce à lui. Ce sont les séances d'enregistrement au mythique studio Electric Lady de New York qui closent le documentaire. Auparavant, Marshall Chess offre à son nouveau jeune ami une visite guidée des hauts lieux de sa ville, notamment Maxwell Street, et nous narre, à travers l'épopée de Chess Rec., un fragment de l'histoire du blues.
Ce cinquième opus de la série The Blues,
malgré le choix d'un sujet spécifique, possède incontestablement un
intérêt à la fois pédagogique et musical. Intérêt pédagogique car,
contrairement à The Road to Memphis,
il n'a pas ce côté artificiel et folklorique qui menace tout
documentaire de ce genre et parce qu'il possède un réel contenu narratif
et informatif, en particulier en mettant en avant les liens étroits
entre le blues, le jazz et le rock. Intérêt musical, bien sûr, par les
prestations scéniques d'Otis Rush et de Koko Taylor
dans le club de cette chanteuse et par les images d'archives qui
l'émaillent. La pertinence du propos du réalisateur de Whiteboys, de Brooklyn Babylon et de Slam
perd de sa vigueur dans la démonstration de la prétendue continuité
entre blues et rap. Si l'on évacue les similitudes évidentes (arts essentiellement Noirs, expressions d'un malaise social et culturel, crudité du langage)
on peut légitimement se demander quelle intimité y a-t-il entre les
finesses harmoniques et lyriques du blues et la rudesse primitive,
parfois triviale ou vulgaire, qui caractérise, en général (car il y a, évidemment, des exceptions), le rap ?
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*Willie Dixon, Howlin' Wolf, Sonny Boy Williamson II, Gene Ammons,
Jimmy Rogers, Chuck Berry, Marvin Gaye, Smokey Robinson, The Moonglows,
Jimmy Reed, Etta James, The Four Tops, Bobby Bland, Earth, Wind &
Fire, Rolling Stones, the Yardbirds...
**un chroniqueur a comparé ce "casting" à celui, imaginaire, de Dustin Hoffman dans la saga Star Wars !
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