mardi 18 janvier 2005

Heather Nova: Live at the Union Chapel


"And it gives me room to see you, In another light." (from "If I saw you in a movie")

Heather Nova

Heather Nova, née Frith, a connu une enfance difficile. Née, comme son père, aux Bermudes (Caraïbes, Bermuda Islands en anglais), elle a dû passer les premières années de son existence à subir le défilé des touristes américains portant la tenue locale (!). Enfin, pas tout à fait puisque elle passait le plus clair de son temps sur un bateau de douze mètres où, pour tuer le temps, elle a appris à jouer de la guitare. Bon, trêve de plaisanterie. La compositrice et interprète, fraîchement débarquée à dix-neuf ans à Providence (vous parlez d'un destin !... Bon, ok, j'arrête) s'inscrit à l'université de la ville pour y suivre des études d'Arts décoratifs. C'est là qu'elle écrit ses premières chansons. Encouragée, Heather se produit dans les clubs de New York, sans résultat significatif, puis part s'installer à Londres. Nous sommes en 1990. Trois ans plus tard, le 17 mai précisément (pour les amateurs de carte du ciel), sortait son premier album, "Glow Stars", constitué de douze chansons, dans l'ensemble plutôt réussies, en tout cas mettant en évidence un réel potentiel. "Blow", un enregistrement en concert qui parait la même année, apporte une preuve supplémentaire de son talent, en particulier lors de ses prestations sur scène. Le public britannique apprécie la simplicité qui caractérise l'artiste et la passion qui habite cette jeune femme d'apparence fragile.
Mais c'est avec "Oyster" qu'Heather Nova marque définitivement les esprits. Plusieurs compositions, à l'image de "Walk This World" ou "Maybe an Angel", parviennent, en effet, à réunir un texte fort, une mélodie qui trotte dans la tête et une interprétation convaincante. Hélas, depuis, notre bermudienne, désormais trentenaire, se cherchait un peu. Quatre disques (dont deux live) passables suivent, nécessitant un nouveau ressourcement dans l'archipel natal pour écrire les chansons de son dernier album en date, "Storm", produit par le groupe Mercury Rev. Ce disque acoustique, épuré, intimiste nous donne l'espoir d'un retour durable vers les sommets. La récente tournée européenne (qui n'est pas passée par la France) de l'été dernier semble apporter la confirmation de cette évolution. Un nouvel enregistrement doit bientôt suivre.

Live at the Union Chapel

Ce concert britannique du 12 septembre 2003 reprend l'intégralité du dernier album à l'exception d'"Aquamarine". Heather Nova (dont les informations contenues dans le DVD tiennent à préciser qu'elle était enceinte de cinq mois au moment des faits) reste également dans la tonalité du disque : acoustique, simple et principalement vocale. La chanteuse n'est pas, habituellement, ce que l'on appelle une "bête de scène" (et son état ne lui permettait de toutes façons aucune prouesse). Elle ne possède pas non plus ce contact privilégié avec le public que l'on rencontre chez d'autres artistes. Mais, allez comprendre pourquoi, le charme opère. Est-ce son apparente candeur ou vulnérabilité ? Est-ce son naturel ou la douceur de ses chansons délicatement mélancoliques ? Est-ce, tout simplement, la qualité de ses interprétations ? Probablement un peu de tout cela, auquel s'ajoute l'efficacité des musiciens qui l'accompagnent.
Le français Benjamin Biolay n'est pas sur scène pour chanter leur composition commune "Let's Not Talk About Love" qui ouvre le concert. Heather dédie "You Left Me a Song" au célèbre chanteur de country Johnny Cash, décédé le jour même à Nashville, "Drink It In" à son frère et elle interprète seule "Storm", le dernier titre du set. Influencée, de son propre aveu, par Bob Dylan, Neil Young ou encore Joni Mitchell, sa prestation vocale se situe plutôt à la confluence des arts de Joan Baez, Linda Ronstadt, Emmylou Harris ou Patti Smith, ce qui est loin d'être un médiocre parrainage.
Précisons qu'une courte (et philatélique !) introduction tournée dans les coulisses précède l'entrée en scène et que "New Love" (inédit en disque) et "Everytime" sont également filmés en backstage, sans doute avant le concert. Enfin, la mise en images, assez souvent inventive, est plutôt réussie si l'on oublie l'usage excessif du flou volontaire de mise au point.

Les musiciens :
Basse : Matt Round
Batterie, percussions : Luke Bullen
Claviers, chant : Glen Scott

Les titres :
Intro
1. Let's Not Talk About Love
2. I Wanna Be Your Light
3. One Day in June
4. You Left Me a Song
5. All I Need
6. Drink It In
7. Fool for You
8. River of Life
9. Storm
10. New Love
11. Everytime

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