mercredi 12 janvier 2005

Hell Drivers (train d'enfer)


"Il t'entraîne, tu le suis."

L'évocation du nom de Cyril Raker Endfield est, en général, étroitement liée à l'une de ses dernières œuvres, Zulu, très beau film tourné en pleine apartheid qui mettait en scène l'impressionnante bataille de Rorke's Drift opposant l'armée coloniale britannique et quelques quatre mille guerriers zoulous. On sait moins que cet américain de Pennsylvanie fut contraint, comme son compatriote Joseph Losey, de quitter son pays en 1951 pour raison politique. Installé en Grande-Bretagne, il participe à la réalisation de trois épisodes* de la série télévisée Colonel March of Scotland Yard avec Boris Karloff, diffusée sur ITV en 1955-1956 et doit même utiliser un pseudonyme pour permettre à ses films d'être normalement distribués aux Etats-Unis. C'est le cas notamment pour Child in the House, première collaboration avec l'acteur gallois Stanley Baker, où il est dissimulé derrière le nom de son ami Charles De la Tour. Hell Drivers, un remarquable récit d'action dramatique avec une toile de fond sociale, sort l'année suivante. Un bien joli casting, mêlant brutes épaisses et femme dangereuse, dont certains, encore débutants, vont connaître une belle carrière, sert, a posteriori, le film et c'est tant mieux.
Joe Yateley (Stanley Baker), un ex-détenu connu sous le nom de Tom, est embauché, après un essai éprouvant, comme chauffeur de poids-lourds dans l'entreprise de transport de ballast Hawlett. Le principe est de conduire le plus vite possible, quelque soit les conditions, pour réaliser le plus de rotations possible entre la carrière et le site de construction. Tom rencontre, chez sa logeuse, un de ses nouveaux collègues, Gino Rossi (Herbert Lom), un exilé italien que ses camarades surnomment 'Spaghetti', et les deux hommes sympathisent. Gino affirme être le petit ami de Lucy (Peggy Cummins), la secrétaire de Cartley, le directeur d'Hawlett, qui ne semblait pourtant pas être insensible au charme de Tom au moment de son recrutement. Dans le café-restaurant où les conducteurs prennent leur repas, Tom est brutalement mis en présence de Redman, dit 'Red' (Patrick McGoohan), le plus rapide et le chef de l'équipe. Entre les chauffeurs des camions numéro un et numéro treize commence alors une compétition dans laquelle presque tous les coups sont permis.
Si vous acquérez le film en raison de la présence de Sean Connery, vous risquez d'être déçu. Cinq ans avant Dr. No, le futur James Bond offre une prestation sympathique mais plutôt anecdotique. Il y a cependant "mille" autres raisons de voir Hell Drivers. D'abord un scénario efficace, sorte de transposition "sociale" de They Drive by Night ou récit d'une rivalité entre camionneurs, à la psychologie toutefois moins prégnante, comme dans Le Salaire de la peur, et une mise en scène réaliste et intelligente, utilisant quelques uns des codes du film noir et réussissant à doser habilement les séquences sur la route. Ensuite une distribution qui réunit des comédiens solides et expérimentés et des acteurs débutants promis à un bel avenir. Parmi les premiers, Stanley Baker, au visage si caractéristique, très convaincant dans le rôle de Tom, Peggy Cummins, l'étonnante Annie Laurie Starr de Gun Crazy, dans un personnage de femme fatale malgré elle ou encore l'austro-hongrois Herbert Lom qui parvient à être crédible en italien ; pour les seconds, outre Sean Connery déjà évoqué, le remarquable Patrick McGoohan dans une interprétation violente et hallucinée ou encore Jill Ireland, madame Bronson et le tout jeune David McCallum, le futur Illya Kuryakin de la série TV The Man from U.N.C.L.E..

N.B. : petite erreur de continuité mise en évidence par la séquence reconstituée dans la galerie photos.
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*ces épisodes furent montés ensemble pour donner naissance au long métrage Colonel March Investigates, sorti en 1953.

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