mardi 4 octobre 2005

Undertow (l'autre rive)


"Parfois, ce sont ces moments étranges que l'on retient."

Présenté à Deauville et à Toronto en septembre 2004, le troisième long métrage de David Gordon Green est un thriller efficace et original. Parrainé par Terrence Malick et Edward R. Pressman, l'éclectique producteur de Wolfgang Petersen, Oliver Stone, Abel Ferrara et Zhang Yimou, Undertow possède, en effet, les qualités d'un film d'action classique. Mais, par l'environnement choisi et par ses enjeux psychologiques, il dépasse les limites du genre pour en proposer une lecture moins conventionnelle et plus intéressante, rompant délibérément avec la tonalité apaisée et romantique de All the Real Girls.
John, veuf, vit avec ses deux fils Chris et Tim dans la modeste maison où ils élèvent quelques porcs. Chris, un peu rebelle, a des pulsions de délinquance tandis que son jeune frère de dix ans, un olfactif passionné de livres, est doté d'une santé fragile. Peu après sa libération de prison, Deel, le frère de John, vient leur rendre visite. Celui-ci lui propose, en attendant de trouver un travail, de l'aider aux travaux d'entretien de la petite exploitation et à la surveillance de ses deux garçons. En réalité la venue de Deel est motivée par des sentiments qui n'ont rien de purement familiaux.
Plus que son style cinématographique, ici caractérisé par un certain réalisme poétique et quelques arrêts sur image surexposés, le principal talent de David Gordon Green est de savoir traduire, avec simplicité mais intensité, la psychologie de ses personnages. Il en fait une démonstration patente avec le bien-nommé Undertow. Souvent comparé à The Night of the Hunter, son film possède, certes, moins de puissance suggestive que ce dernier mais aussi moins de sécheresse narrative et de manichéisme. Simple histoire de famille qui tourne à la tragédie quasiment fantastique, Undertow séduit probablement autant pas son atmosphère, ses mystères et ses non-dits que par ses aspects explicites. A l'image de cette double légende concernant des pièces mexicaines en or transmises par son père à John. La belle prestation du quatuor d'acteurs est également à souligner, notamment celles du Virginien Dermot Mulroney et du britannique Jamie Bell, confirmant les espoirs placés en lui depuis Billy Elliot

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