"- Les comédiens qui jouent bien disent la vérité.
- Ils nous font croire des mensonges."
Les Amants a dû vraisemblablement dérouter les spectateurs d'Ascenseur pour l'échafaud,
sorti moins d'un an auparavant. Très librement inspiré de l'unique
contribution littéraire* d'un diplomate et directeur général des musées
du XVIIIe siècle, le film aurait très bien pu, en exagérant à peine,
être mis en scène par René Clair, Claude Autant-Lara ou René Clément. Le "Prix spécial du jury"** (présidé par le normand Jean Grémillon) de la quinzième édition de la Mostra de Venise
est, en effet, d'un grand classicisme, et sa critique de la morale
bourgeoise se situe dans la veine d'œuvres du patrimoine romanesque
telles que "Madame Bovary" ou "Le Rouge et le noir".
Jeanne est l'épouse d'Henri Tournier, le propriétaire du journal "Le Moniteur de Bourgogne" de Dijon et la mère d'une petite Catherine.
Parce que son caustique mari la délaisse et qu'elle s'ennuie, elle se
rend deux fois par mois à Paris, chez son amie, elle aussi d'origine
bourguignonne, la mondaine Marguerite Thiebault-Leroy. Elle devient, grâce à elle, la maîtresse de Raoul Florès, un parfait gentleman et champion de polo à ses heures perdues. Un matin qu'elle reprend à nouveau la route pour la Capitale, Henri fait mine de se fâcher et, par provocation, demande à Jeanne d'inviter Maggie et Raoul, qu'il ne connaît pas, à dîner et à passer le week end dans leur propriété. Sur le chemin qui l'a ramène chez elle, Jeanne tombe en panne de voiture et doit à un jeune archéologue, Bernard Dubois-Lambert, d'arriver à temps pour assumer son rôle d'hôtesse.
Réglons d'emblée la question du scandale provoqué par le film à sa sortie, notamment aux Etats-Unis. La sensualité des scènes d'amour entre l'héroïne-narratrice et son nouvel amant et l'apparition fugitive d'un robert face à Bernard, n'a, sincèrement, pas de quoi... décolorer un dalmatien ! Par bien des aspects, le texte de Denon apparaît plus subversif que ces Amants là. L'ambassadeur ne s'amusait-il pas à faire passer la profonde métamorphose d'une femme en récit initiatique d'un jeune ingénu*** tout en créant finement l'illusion de l'amour au royaume de la vanité ? Malgré son succès, le film de Malle est, finalement, bien plus conventionnel. Cette quête maladroite de bonheur et de préservation de l'image (encore l'importance du regard, du miroir et du narcissisme déjà présents dans Ascenseur) au pays des oisifs n'a (plus ?) rien de très original. Et bien qu'ils soient signés de Vilmorin, les dialogues, à quelques exceptions près, sont assez pauvres ou ont mal vieilli. L'intérêt des Amants repose donc essentiellement sur la qualité de la prestation des acteurs dont les variations sont intelligemment soulignées par le Sextuor n°1, en si bémol majeur, pour cordes composé en 1860 par un Brahms, encore fou d'un amour impossible pour son aînée de quatorze ans, Clara Schumann, l'épouse du musicien décédé Robert Schumann.
___Réglons d'emblée la question du scandale provoqué par le film à sa sortie, notamment aux Etats-Unis. La sensualité des scènes d'amour entre l'héroïne-narratrice et son nouvel amant et l'apparition fugitive d'un robert face à Bernard, n'a, sincèrement, pas de quoi... décolorer un dalmatien ! Par bien des aspects, le texte de Denon apparaît plus subversif que ces Amants là. L'ambassadeur ne s'amusait-il pas à faire passer la profonde métamorphose d'une femme en récit initiatique d'un jeune ingénu*** tout en créant finement l'illusion de l'amour au royaume de la vanité ? Malgré son succès, le film de Malle est, finalement, bien plus conventionnel. Cette quête maladroite de bonheur et de préservation de l'image (encore l'importance du regard, du miroir et du narcissisme déjà présents dans Ascenseur) au pays des oisifs n'a (plus ?) rien de très original. Et bien qu'ils soient signés de Vilmorin, les dialogues, à quelques exceptions près, sont assez pauvres ou ont mal vieilli. L'intérêt des Amants repose donc essentiellement sur la qualité de la prestation des acteurs dont les variations sont intelligemment soulignées par le Sextuor n°1, en si bémol majeur, pour cordes composé en 1860 par un Brahms, encore fou d'un amour impossible pour son aînée de quatorze ans, Clara Schumann, l'épouse du musicien décédé Robert Schumann.
*"Point de lendemain" de Dominique-Vivant Denon, paru en 1777 dans les "Mélanges littéraires, ou le journal des dames" de Dorat.
**ex-aequo avec La Sfida de Francesco Rosi.
**ex-aequo avec La Sfida de Francesco Rosi.
***au moment où est édité l'ouvrage de Denon, un certain marquis Donatien Alphonse François de Sade est enfermé dans le donjon de Vincennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire