"... Tout juste un vieil ami."
Marche ou crève, le deuxième film (premier selon certains avis) de Georges Lautner, est une adaptation d'"Otages", un roman paru en 1957 aux éditions Fleuvre noir du méconnu Jack Murray. Le scénario est co-signé par Pierre Laroche, le dialoguiste de Marcel Carné, de Jean Grémillon et de Jacqueline Audry notamment. Loin d'être anodine, cette production franco-belge tournée au Benelux est un polar sérieux à défaut d'être totalement efficace, avec Juliette Mayniel, remarquée l'année précédente dans Les Yeux sans visage de Franju et dans le deuxième film de Claude Chabrol, et Bernard Blier. La présence et le registre de ce dernier annonce cette inflexion vers la comédie parodique qui sera à l'origine des Tontons flingueurs et autre Barbouzes, deux des probables meilleures œuvres de la carrière du réalisateur.
Milan, un agent secret, atterrit à Bruxelles et se rend dans une petite ville minière au nord de Maastricht pour y retrouver son ancien camarade Stefan. Il souhaite lui demander, comme un service, de rencontrer Lenzi, leur ancien chef commun. A présent mineur de fond, marié et volontairement rangé des affaires, Stefan, d'abord réticent, finit pourtant par accepter. Lenzi cherche à vendre les microfilms des sites des futures installations de missiles des Nations Unis en Europe. Stefan est chargé d'apporter le montant de la transaction, trois millions de francs suisses, contre les plans. Mais, au moment de l'échange, Lenzi et ses hommes de main s'enfuient avec argent et documents. Milan enlève alors Gisèle, l'épouse de Stefan, pour contraindre celui-ci à lui rapporter prestement le tout. Pendant ce temps, Lenzi a déjà renégocié les microfilms avec M. Meyer de l'organisation Grünvald.
En pleine Nouvelle vague (A bout de souffle et Tirez sur le pianiste sortent la même année), Georges Lautner met donc en scène, juste avant le renouvellement du genre par un certain James Bond, une histoire d'espionnage inspirée de film noir. Caractérisé par son réalisme et tourné principalement en extérieurs, Marche ou crève faiblit un peu en rythme et en intensité dans sa dernière partie mais il offre l'une des rares incursions du polar... dans les mines de charbon. Jacques Riberolles, qui retrouvera Bernard Blier chez Lautner dans Le Septième juré, et le comédien du TNP Daniel Sorano, également dans la distribution d'Arrêtez les tambours, complètent un carré d'acteurs convaincant au sein duquel la prédominante amitié virile laisse toutefois s'exprimer la trompeuse séduction féminine.
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