"... L'obéissance est le seul chemin qui mène au bonheur."
Premier long métrage de Lucile Hadzihalilovic, Innocence est, selon son auteur, librement inspiré d'une nouvelle du dramaturge allemand du XIXe siècle Frank Wedekind, notamment connu pour ses œuvres théâtrales adaptées au cinéma, parmi lesquelles Die Büchse der Pandora(Lulu). Alberto Lattuada, scénariste et réalisateur (de I Dolci inganni notamment) décédé récemment, avait rédigé, au cours des années 1980, un traitement de la nouvelle en question, matériau utilisé par John Irvin pour The Grooming, présenté à la dernière Mostra. La narration et l'atmosphère créées par la cinéaste française sont très particulières, à la fois d'une grande simplicité (enfantine !)
et d'une totale étrangeté, faisant de son film une sorte de conte, au
sens ancien du terme, frisant même parfois, surtout dans la première
partie, avec le mythe. Innocence a reçu le "Prix du meilleur premier film" au Festival de San Sebastian 2004.
Six bâtiments, dont un édifice central et principal, répartis dans une forêt ceinte d'un haut mur. Dans l'un d'entre eux, un petit cercueil au milieu d'une pièce lumineuse. Une très jeune fille, nommée Iris, en sort, entourée de futures camarades. Cela ressemble à une institutions pour jeunes filles. On y porte un uniforme et les demoiselles sont différenciées, en fonction des âges, par la couleur des rubans qui décorent leur chevelure nattée. On y joue et y apprend les sciences de la vie et la danse. La discipline est stricte et les indociles sont menacées de punition. Bianca, la plus âgée du groupe d'Iris, se rend tous les soirs à un mystérieux endroit tenu secret. Un jour qu'elle se promène avec la nouvelle arrivée, Laura, décidée à quitter l'endroit, emprunte une barque. Son corps inerte est bientôt placé dans une bière et brûlé sur un bûcher. Alice, le ruban bleu de la chambrée d'Iris, désire ardemment, quant à elle, être choisie par la directrice parce que l'élue du concours annuel de danse est emmenée à l'extérieur.
Voilà un des films français récents (production européenne tournée en Belgique, pour être précis) intelligents et intrigants. Les deux qualités sont, en effet, rarement réunies, l'intelligence confinant souvent à l'ennui et l'intrigue au trucage. Rien de tel ici, Lucile Hadzihalilovic prend le temps* d'installer l'environnement classique mais insolite de sa fable, de nous familiariser avec ses règles de fonctionnement qui accorde, malgré sa rigueur, une large place à l'énigme et au drame. Innocence ne répond à aucune des questions qu'il soulève et laisse le spectateur sur sa fin (orthographe délibérée). Pur produit de l'imagination fondé sur l'expérience infantile de la réalisatrice, métaphore, à forte symbolique liquide, sur la délicate période pré-pubère des jeunes filles ? On peut également s'interroger sur le contenu de l'éducation donnée à ces demoiselles, sensée assurer une mutation harmonieuse de la chenille vers le papillon. On est séduit par ce mélange de légèreté et de sourde menace, par cette logique formelle qui fait des résistantes au cycle naturel (Laura) ou des impatientes (Alice) ses victimes sacrificielles. Moins par la chute, qui déçoit les attentes les plus folles. Mais, dans l'ombre des Picnic at Hanging Rock et El Espiritu de la colmena, Innocence brille de son singulier reflet.
___Six bâtiments, dont un édifice central et principal, répartis dans une forêt ceinte d'un haut mur. Dans l'un d'entre eux, un petit cercueil au milieu d'une pièce lumineuse. Une très jeune fille, nommée Iris, en sort, entourée de futures camarades. Cela ressemble à une institutions pour jeunes filles. On y porte un uniforme et les demoiselles sont différenciées, en fonction des âges, par la couleur des rubans qui décorent leur chevelure nattée. On y joue et y apprend les sciences de la vie et la danse. La discipline est stricte et les indociles sont menacées de punition. Bianca, la plus âgée du groupe d'Iris, se rend tous les soirs à un mystérieux endroit tenu secret. Un jour qu'elle se promène avec la nouvelle arrivée, Laura, décidée à quitter l'endroit, emprunte une barque. Son corps inerte est bientôt placé dans une bière et brûlé sur un bûcher. Alice, le ruban bleu de la chambrée d'Iris, désire ardemment, quant à elle, être choisie par la directrice parce que l'élue du concours annuel de danse est emmenée à l'extérieur.
Voilà un des films français récents (production européenne tournée en Belgique, pour être précis) intelligents et intrigants. Les deux qualités sont, en effet, rarement réunies, l'intelligence confinant souvent à l'ennui et l'intrigue au trucage. Rien de tel ici, Lucile Hadzihalilovic prend le temps* d'installer l'environnement classique mais insolite de sa fable, de nous familiariser avec ses règles de fonctionnement qui accorde, malgré sa rigueur, une large place à l'énigme et au drame. Innocence ne répond à aucune des questions qu'il soulève et laisse le spectateur sur sa fin (orthographe délibérée). Pur produit de l'imagination fondé sur l'expérience infantile de la réalisatrice, métaphore, à forte symbolique liquide, sur la délicate période pré-pubère des jeunes filles ? On peut également s'interroger sur le contenu de l'éducation donnée à ces demoiselles, sensée assurer une mutation harmonieuse de la chenille vers le papillon. On est séduit par ce mélange de légèreté et de sourde menace, par cette logique formelle qui fait des résistantes au cycle naturel (Laura) ou des impatientes (Alice) ses victimes sacrificielles. Moins par la chute, qui déçoit les attentes les plus folles. Mais, dans l'ombre des Picnic at Hanging Rock et El Espiritu de la colmena, Innocence brille de son singulier reflet.
*la durée du film est proche de deux heures.
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