"Un bienfaiteur n'est pas forcément un ami."
Difficile, au début des années 1970, d'être dans l'ombre de l'Ogre Chang Cheh au sein de la Shaw Brothers. Tel était le sort de Sun Chung, surtout connu, jusque là, pour ses polars. Avec Long xie shi san ying, il a, cependant, l'occasion de réunir une des paires d'acteurs favorites (notamment dans Siu lam ji) de son illustre collègue. Le film, avec son arsenal bigarré, n'est, d'ailleurs, pas sans rappeler le Duk bei do wong
de ce dernier. Probable meilleure contribution du réalisateur, il
conjugue des qualités classiques et une approche moins conformiste dans
la narration et le traitement.
Un
cavalier, blessé et à bout de force, tombe de son cheval, évanoui. Un
inconnu, passant à proximité, le sauve d'une mort certaine en le
désaltérant. Le premier, qui s'est présenté comme l'Errant au second, prétendument appelé sans-feu-ni-lieu,
prouve sa reconnaissance à son bienfaiteur en lui volant sa gourde, ses
provisions et son cheval. Les deux hommes se retrouvent bientôt dans un
abri, et après s'être rapidement affrontés, se réconcilient. Au matin,
un groupe de quatre hommes approchent, décidés à ramener à Yue Xi-hong, leur chef commun, celui qu'ils nomment Qi Ming-xing. Ils sont défaits par ce dernier et son fortuit acolyte. Qi Ming-xing raconte alors les raisons qui l'ont poussé à fuir la bande du Bateau de fer, organisation criminelle au sein de laquelle il était l'Aigle noir, le neuvième des treize aigles adoptés et formés par Yue Xi-hong. Celui qui se fait appeler sans-feu-ni-lieu et dissimule d'étranges lames dans ses semelles, semble vouloir aider Qi Ming-xing
dans sa défense contre les aigles envoyés à sa poursuite et dans sa
vengeance contre son implacable et cruel mentor. Mais qui est-il et
quelles sont ses véritables motivations ?
Long xie shi san ying
émerge de la production surabondante du fameux studio chinois pour
plusieurs raisons. Il repose, certes, apparemment sur une classique
histoire de vengeance et de rédemption. Mais le récit rompt d'abord avec
l'habituelle linéarité des films du genre et se permet, à travers le
personnage joué par Alexandre Fu Sheng,
quelques inflexions comiques. Le scénario choisit également de
conserver longtemps dans un relatif et intriguant anonymat l'un des
personnages principaux, permettant, au passage, à l'affrontement final
de pouvoir exploiter les deux combinaisons possibles et d'offrir une
conclusion moins conventionnelle. La mise en scène, plutôt enlevée (malgré quelques ralentis et arrêts sur image !), et les combats, réglés par Tang Chia, sont réussies. La distribution enfin, au sein de laquelle les femmes ont, comme chez Chang Cheh, la portion congrue, ne dépare pas, bien au contraire.
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