vendredi 7 octobre 2005

Arrêtez les tambours


"... La morale des gens qui se croient honnêtes est souvent féroce."

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Que voulez-vous, Georges Lautner n'avait pas les dix millions de dollars de 1960 et n'avait donc pas réussi, sur sa seule signature (sauf erreur, Arrêtez les tambours est le seul film qu'il ait produit), à réunir le casting de The Longest Day ! Il faut, d'ailleurs, rappeler que cette superproduction a mobilisé pas moins de quatre réalisateurs. Lautner fait alors son débarquement en toute intimité. Ou, plus exactement, il adapte, encore avec Pierre Laroche, "Le Sentier", un roman de Richard Prentout. Le cinéaste reprend une bonne partie de l'équipe du film précédent, Bernard Blier, Daniel Sorano, Jacques Chabassol pour les acteurs, Bertrand Blier comme assistant, Georges Delerue et le petit frère de Roger Fellous, Maurice. Décidément amateur d'actrices chabroliennes, il fait également appel à Lucile Saint-Simon, une des héroïnes des Bonnes femmes. Avec son message antimilitariste peu tranché, ambigu diront certains, Arrêtez les tambours ne reçoit qu'un accueil mitigé à sa sortie Mais, après tout, l'important est d'occuper le terrain !
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Courdimanche, un village normand, au printemps 1944. Le pilote d'un avion anglais, abattu par la D.C.A. allemande, saute en parachute et tente d'échapper, malgré sa blessure, aux soldats lancés à sa recherche. Il trouve refuge chez le docteur Leproux, le maire du village, qui lui prodigue les soins nécessaires. Sincèrement pacifiste, Leproux n'obéit qu'à sa conscience et à son serment. Il lui est, par exemple, arrivé de soigner des blessés allemands, attitude humanitaire qui lui a valu la reconnaissance et l'amitié de Franz Wieland, le médecin-chef de l'hôpital installé par l'occupant. Le lendemain de son arrivée, l'Anglais est remis à des résistants mais il meurt au cours de l'accrochage avec des soldats allemands qui a lieu pendant la fuite du groupe. Soupçonné d'avoir porté secours à l'aviateur, Leproux est disculpé par Wieland, qui se porte garant de son innocence. Il est vrai qu'outre l'amitié pour son confrère, Wieland est secrètement amoureux de Catherine, sa logeuse, qui n'est autre que la fille du bon docteur.
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Cela va-t-il surprendre quelqu'un ? Georges Lautner est manifestement plus à l'aise dans le polar que dans le drame de la vertu pacifiste en temps de guerre. Peut-être aurait-il fallu que son parachutiste soit retenu prisonnier sur le toit de l'église (Red Buttons était pourtant disponible) ! On ne sait si la relative platitude du film est liée au thème de l'ouvrage (résumé par la formule interrogative "faut-il toujours choisir son camps, même au détriment de ses idéaux humanistes ?") ou à son traitement cinématographique. Cette peinture d'un microcosme sensé être représentatif de la France sous l'occupation ne convainc guère. On s'amuse alors à relever les nombreuses séquences d'archives montées dans le film, au style emphatique de Lutz Gabor*, lequel, au passage, reprend son patronyme de La Valse du gorille, à la fraîcheur enjouée d'Anne Doat et à la présence, pas seulement lyrique, de Pierre Barouh.
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*il tournera encore à deux reprises avec Lautner et participera, sans être crédité, à... The Longest Day !



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