"Même s'il fait le bien, un pirate reste un pirate."
Directeur de la photographie de trois de ses précédentes réalisations, notamment Jin yan zi et Qun ying hui, Pao Hsueh-li est associé à Chang Cheh pour la direction d'une série de six films produits entre 1972 et 1973 débutant avec Ma Yong Zhen. Comme pour Shui hu zhuan, l'acteur de second rôle Wu Ma (Du bei dao wang), également ancien assistant de Cheh, vient compléter le duo en question pour les besoins de ce Da hai dao en partie seulement maritime. Le scénario, à nouveau signé par l'insubmersible et inoxydable Ni Kuang, s'inspire ici de l'histoire d'un célèbre écumeur de mer chinois du XIXe siècle.
La jonque du pirate Chang Pao-chai
engage le combat avec un navire occidental et lui ravit un important
butin. Mais les tirs de canons de l'adversaire ont occasionné des
brèches à la proue de l'embarcation, le contraignant à accoster pour
effectuer les réparations. Pendant que Chang et son bras droit se rendent en ville, vêtus comme des marchands, pour acquérir le matériel nécessaire, Hua Double-sabre, le robuste deuxième lieutenant du pirate en chef Zheng Yi,
est arrêté et emprisonné avant son exécution sans jugement. Mais il
réussit bientôt à s'échapper en neutralisant les deux hommes envoyés par
la sœur de maître Chiang You-lun qui souhaitait l'échanger à
Macao contre une forte récompense. Cette évasion donne un motif idéal à
ce puissant et tyrannique commerçant pour fouiller et piller les navires
des pauvres pêcheurs, déjà réduits à vendre leurs enfants pour
survivre.
Da hai dao possède assez peu de points communs avec les classiques hollywoodiens des Frank Lloyd, Victor Fleming ou, a fortiori, Vincente Minnelli*. Centré sur un épisode réputé crucial de l'existence du fils de pêcheur kidnappé devenu le fameux pirate Chang Pao-chai (ou Cheung Po Tsai selon les transcriptions, modèle du Sao Feng interprété par Chow Yun-fat dans Pirates of the Caribbean: At Worlds End), le film du trio ne souffre à l'évidence pas de la pléthore de capitaines à bord de ce navire battant pavillon de la Shaw. L'influence du "parrain" Chang Cheh,
certes significative, n'est pas aussi forte qu'on aurait pu le
supposer. L'intrigue, fondée sur le rachat futur du personnage central,
ne manque de sel même si sa construction assez conformiste, mise au
service du face à face final, ne vise pas à nous mener en bateau. Film
d'aventure plus que de kung fu (les combats sont en effet relativement peu nombreux), Da hai dao offre un spectacle plutôt intéressant et plaisant.
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*réalisateur en 1948 d'un film musical homonyme pour la MGM. Productions auxquelles on peut ajouter celles d'Albert Parker (The Black Pirate), d'Henry King (The Black Swan) et de Michael Curtiz (Captain Blood).
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