"When do we have to use a gate to get in a cimetary?"
Mikey and Nicky est le troisième et pénultième film de la réalisatrice et scénariste Elaine May, dont la carrière fut, onze ans plus tard, durablement mise en sommeil* après le retentissant échec d'Ishtar produit par Columbia. Première production de Michael Hausman**, ce faux polar aux allures (trompeuses !) de buddy movie réunit deux vrais amis, John Cassavetes et Peter Falk,
qui ont déjà tourné ensemble à plusieurs reprises. Une grande partie de
l'insolite alchimie du film résulte précisément de la complicité des
deux hommes et de la relative liberté d'interprétation qui leur a été
laissée par la cinéaste. Sorti en décembre 1976, Mikey and Nicky dut attendre près de dix ans pour être enfin projeté dans un montage approuvé par Elaine May.
Reclus dans sa sordide chambre d'hôtel, Nick Godolin est paniqué car il sait qu'un contrat a été lancé contre lui par son patron mafieux Dave Resnick. Le meurtre de Lipsky, qui comme lui a dérobé des sommes à ce dernier, n'a-t-il pas fait la manchette de l'édition de mardi d'un quotidien ? Nicky demande à son vieil ami Mikey
de lui venir en aide. Mais, ne se fiant à personne, il lui donne
rendez-vous à proximité de l'hôtel pour vérifier de sa fenêtre qu'il
n'est pas accompagné. Après avoir réussi à calmer son copain d'enfance
et traité sommairement son début d'ulcère, Mikey emmène Nicky
dans un bar pour y préparer sa fuite. Celui-ci décide d'aller, après
quelques bières, dans un cinéma de la 14em Rue et échappe ainsi, sans le
savoir, à Warren Kinney, le tueur engagé par Resnick pour le liquider. Le début d'une longue et chaotique nuit d'errance.
Qu'importe
l'intrigue, somme toute assez convenue, puisque l'objectif essentiel du
scénario se situe davantage dans la mise en situation puis
l'interaction spontanée, au moins en apparences, entre les deux
personnages principaux ? Le scénario recèle une paradoxale volonté
d'éviter la direction, de ne pas donner trop de sens, quitte à sembler
insensé. Il surprend par exemple avec ses brusques accès de frénésie que
rien n'annonce. Par l'obstiné parti pris de trahison, voire de
transgression, qui sous-tend la quasi totalité des épisodes émaillant
cette résolution d'une amitié filmée sans fin ("cut") par trois caméras dans les rues de Philadelphie. Outre la présence de John Cassavetes, Mikey and Nicky évoque implicitement Husbands et The Killing of a Chinese Bookie, sorti au début de la même année. Par bien des aspects, il mérite aujourd'hui d'en approcher au moins la notoriété.
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*elle fit un bref retour aux affaires, à partir de 1996, en signant deux scénarii, notamment celui de Primary Colors, pour son ancien partenaire de scène Mike Nichols et en tenant un petit rôle dans Small Time Crooks de Woody Allen.
**dont le nom est associé, en tant que producteur exécutif, à Amadeus et Brokeback Mountain notamment.
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