"Il y a des choses que l'on ne contrôle pas. La météo, les bêtes sauvages, le hoquet... et Katrina."
Le
cinéma australien essaie, en particulier depuis une dizaine d'années,
de se démarquer au sein de la production anglo-saxonne. Cette tentation
apparaît manifeste dans des films récents, appartenant à des genres très
différents, tels que Alexandra's Project, Wolf Creek ou The Book of Revelation*. Présenté en première dans le cadre de la section cannoise "Un Certain regard" 2006, Suburban Mayhem
s'inscrit résolument dans cette tendance. Avec cette effrontée intrigue
familiale imaginée six ans plus tôt par son ex-petite-amie Alice Bell, le troisième film de Paul Goldman
choisit en effet de bousculer, peut-être même de diviser le public. Un
parti pris qui ne l'empêcha pourtant pas de récolter huit récompenses
nationales, notamment attribuées à la jeune Britannique installée en
Australie Emily Barclay, son émoustillante actrice principale rencontrée précédemment chez le néo-zélandais (récemment décédé) Brad McGann, ainsi qu'au compositeur Mick Harvey, co-fondateur avec Nick Cave des Bad Seeds et déjà à l'œuvre sur le premier drame social de Goldman, Australian Rules.
L'affreux assassinat chez lui du petit entrepreneur John Skinner
crée l'émoi dans la paisible agglomération de Golden Grove, située à la
périphérie Nord d'Adélaïde. Un reportage réalisé à partir d'interviews
tente d'en analyser les raisons. Katrina, la fille du défunt, son fiancé Rusty, Dianne, voisine et bonne amie de Skinner, Lilya, la jeune employée d'un institut de beauté fréquenté avec assiduité par Katrina et le policier Robert Andretti
apportent leur témoignage et formulent des hypothèses sur les
circonstances et motivations du meurtre. Ils soulignent, à des degrés
divers, la dégradation des relations entre la victime, quittée par son
épouse plusieurs années auparavant, et sa fille cadette, oisive et
dévergondée mère célibataire d'une petite Bailee. D'abord menacée de ne plus être entretenue par son père, Katrina aurait ensuite condamné celui-ci pour ne pas avoir tout fait afin d'obtenir la libération de son frère adoré Danny, auteur d'un crime particulièrement spectaculaire.
Chronique reconstituée d'un drame familial annoncé, Suburban Mayhem fait d'emblée de l'immoralité (amoralité ?) son étendard, symbolisé par le SMS** qui accompagne le générique d'ouverture. Paul Goldman
traite à la manière d'une comédie noire, provocante et rock'n'roll avec
évidente énergie cette œdipienne et sordide histoire de manipulation,
vaguement inspirée d'un fait divers local s'étant déroulé en 1998. Moins
radical que les productions de Larry Clark ou d'Harmony Korine, le film projeté l'année dernière au 25e et dernier Festival du film policier de Cognac (section "Sang neuf") se situe plutôt dans la lignée, modernisée, de ceux de Russ Meyer. La prestation de la gironde et omniprésente Emily Barclay, nouvelle Frances O'Connor et admiratrice d'Asia Argento, en constitue l'un des attraits principaux sans toutefois nous faire oublier celle(s) de ses aînées Laura Dern, Patricia Arquette ou Juliette Lewis dans des polars autrement plus relevés.
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**proposant une crue et risible copulation à la jeune endeuillée en pleine cérémonie funèbre.
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