"But Maggie can't do anything, can't she?"
Le second long métrage de Sam Garbarski aurait dû, en fait, être le premier. Le scénario d'Irina Palm précédait en effet celui du Tango des Rashevski,
sorti en 2004. Mais le cinéaste belge et ses producteurs ne réussirent
pas alors à monter le financement du projet. Rédigé initialement en
français, le script co-signé avec Philippe Blasband fut réécrit en anglais et obtint ainsi un budget européen* assurant sa production. Le comédien serbe Miki Manojlovic (Underground) associé très tôt au projet, restait à trouver l'interprète du rôle-titre. C'est en lisant un article annonçant le tournage de Marie-Antoinette, dans lequel elle tient un second rôle, que le réalisateur eut l'idée de faire appel à Marianne Faithfull, ex-chanteuse et égérie de Mick Jagger dans les années 1960. Présenté à la 57e édition de la Berlinale, Irina Palm a valut à chacun de ses deux acteurs principaux une nomination aux European Film Awards.
Brave veuve cinquantenaire, Maggie Cooper est prête à tout pour sauver Olly, son petit-fils hospitalisé pour une maladie évolutive très grave. Elle a déjà cédé à vil prix à son amie Jane
le cottage qu'elle possédait dans le petit village du comté de
Northampton où elle réside. Mais l'état du jeune garçon se dégrade
encore et le médecin encourage ses parents à l'emmener avant six
semaines à Melbourne (Australie) où un nouveau traitement a été
mis au point. Celui-ci est gratuit mais le voyage ainsi que le séjour
sur place restent à la charge de la famille. Sans revenu, épargne ou
possibilité d'endettement, Maggie espère alors trouver un job,
si possible rapidement rémunérateur. En errant dans le quartier de Soho,
elle remarque l'annonce d'une boîte interlope pour engager une hôtesse
et est introduite auprès de Miklos dit 'Miki', le patron du "Sexy World". Sa recherche se révèle beaucoup spécifique que ne le laisse suggérer l'affichette. Malgré son âge, Maggie
semble avoir en mains des atouts susceptibles d'intéresser le recruteur
et de faire recette. Après une nuit de réflexion, la gentille
grand-mère accepte de personnifier en action la célèbre "veuve Poignet" sous le nom d'artiste d'Irina Palm.
"You should see the fu..ing queue !" Audacieux et original, quoiqu'un brin scabreux, le scénario d'Irina Palm
joue à fond la carte de l'antinomie et de la manipulation, et cela
fonctionne plutôt bien. Le spectateur ne peut qu'éprouver de l'empathie
pour le sacrifice de cette bonne-maman au cœur sur la main, capable de
mettre un mouchoir sur sa moralité et son dégoût naturel pour l'exercice
non médical de la manustupration tarifée afin d'espérer soustraire un
être cher à une mort certaine. Tout en dénonçant les convictions bien
pensantes de la bourgeoisie aisée, le film développe aussi
sporadiquement quelques tonalités de comédie bien senties. Malgré deux
ou trois péripéties qui relancent son intrigue, Irina Palm
souffre cependant de la langueur de son rythme et de sa réalisation
monocorde, impression renforcée par les mornes compositions du groupe
belge Ghinzu. Pour ces raisons, il apparaît moins convaincant que le Working Girls de Lizzie Borden, se situant davantage dans la lignée des récents Calendar Girls ou Mrs. Henderson Presents. L'omniprésente Marianne Faithfull, ancienne héroïne psychédélique de The Girl on a Motorcycle
qui essore ici d'autres poignées et sur laquelle repose le film, laisse
au final peu de place à ses partenaires parmi lesquels les Britanniques
Kevin Bishop, vu notamment chez Cédric Klapisch, Siobhan Hewlett et Jenny Agutter (Logan's Run, Equus) ou encore la Hongroise Dorka Gryllus.
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*d'environ 4,5M€.
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