"Ben ouais mais moi heu... j'ai rien renié."
"Sandaleuse", Virginie Despentes ? Négatif ! La preuve tient en deux mots, "Teen spirit",
et près et cent soixante pages*, soient le nom et les "mensurations" du
cinquième roman de la Nancéienne publié en 2002. Et son adaptation
cinématographique par Olivier de Plas, pour son premier long métrage, ne vient pas la contredire. Tel père telle fille
est une chronique assez bénigne sur les vicissitudes de la paternité et
le conflit de générations. Cette comédie constitue une sorte de
prolongement, à la fois moins insolent et dramatique, au Péril jeune de Cédric Klapisch dans lequel apparaissaient déjà Vincent Elbaz et Elodie Bouchez.
Ancien guitariste et chanteur du groupe de rock Parkinsons qui a connu sa petite heure de gloire au cours des années 1990, Bruno
poursuit sa vie de bohème en tentant, sans réelle conviction, une
reconversion dans la littérature. Sans domicile ni travail, il est logé
et entretenu par sa petite-amie Catherine, rencontrée lors d'un concert. Un soir, Bruno reçoit un appel téléphonique d'Alice. Cette ancienne ex lui apprend le lendemain qu'il est le père de sa fille Nancy, aujourd'hui âgée de treize ans, qui cherche à le connaitre. Viré de chez Catherine parce qu'elle a trouvé la carte de visite d'Alice dans ses vêtements, Bruno est contraint à l'hébergement chez sa vieille copine journaliste Sandra. La première rencontre avec Nancy, adolescente en pleine crise d'identité, s'avère d'emblée pleine... d'embarrassantes promesses.
Les affres de la paternité ont été maintes fois** portées à l'écran. La particularité du film d'Olivier de Plas consiste à prendre pour "héros" un mollasson musicien***, "crevard, immature et complètement assisté",
c'est à dire la figure de l'anti-père par excellence. Ce loser assumé
est néanmoins amené à prendre conscience de l'importance de son image,
de l'exemple qu'il donne ainsi que de sa responsabilité vis à vis de
cette fille qui semble justement apprécier sa marginalité adolescente
invétérée. Tel père telle fille
réserve assez peu de surprises et ne brille pas non plus par la qualité
de jeu de ses acteurs. Il laisse au final un goût plus proche de celui
laissé par l'interprétation de "Smells Like Teen Spirit" par Paul Anka que par Patti Smith ou, bien sûr, ses auteurs, Nirvana ("Nevermind").
___
*dans l'édition de poche.
**prénataux (Neuf mois de Patrick Braoudé), postnataux (Trois hommes et un couffin de Coline Serreau) et adolescents (Mon père, ce héros de Gérard Lauzier),
chacun ayant fait l'objet d'un remake US, pour n'en citer que quelques
uns auxquels on pourrait ajouter le récent et original court métrage
homonyme de Sylvie Ballyot.
***qui perd au passage son statut de batteur agoraphobe, il est vrai peu cinégénique.
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