jeudi 7 février 2008

Estate violenta (été violent)


"Dis-moi que demain rien n'aura changé."

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Quatre ans se déjà sont écoulés depuis l'adaptation du roman de Vasco Pratolini, Le Ragazze di San Frediano, son premier long métrage de fiction lorsque Valerio Zurlini entreprend avec Silvio Clementelli la production de cet Estate violenta. Le réalisateur bolonais a, entre temps, imaginé et été récompensé pour l'histoire à l'origine de la comédie Guendalina d'Alberto Lattuada dans laquelle la Niçoise Jacqueline Sassard, qui apparaît également ici, tenait le rôle-titre. "Mélodrame doux" en temps de guerre, le film permet au jeune Jean-Louis Trintignant, acteur de soutien dans Les Liaisons dangereuses la même année, d'effectuer, dans son premier grand rôle, une entrée remarquée dans le cinéma italien aux côtés de la belle Génoise Eleonora Rossi Drago, vedette de Le Amiche d'Antonioni quatre ans auparavant.
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Eté 1943. Carlo Caremoli arrive dans la petite station balnéaire de Riccione, au sud de Rimini, où son père possède une maison. Le jeune homme y retrouve ses insouciants amis qui ne pensent qu'à se distraire alors que des combats opposent la 24e division canadienne aux troupes italo-germaniques dans la plaine de Catane. Sur la plage, Carlo rencontre Roberta dont il a réconforté la fille Colomba, terrifiée par le soudain passage en raz-mottes d'un avion allemand. Le sursitaire à l'incorporation grâce à l'influence de son père, cadre local du parti fasciste, s'éprend aussitôt de la jeune veuve d'un commandant de la Marine tué au combat. Malgré l'hostilité de sa mère, Roberta accepte de revoir Carlo et de l'accompagner un après-midi à San Marino. A son retour chez elle, elle retrouve sa jeune belle-sœur Maddalena, venue de Catanzaro pour échapper au danger lié à l'avancée des troupes alliées dans le sud de la péninsule. Au sortir d'un spectacle de cirque, la joyeuse bande d'amis, à laquelle se sont associées les deux parentes réunies, décide de poursuivre la soirée dans la demeure de Carlo. Après avoir dansé avec lui, Roberta accepte les avances de son jeune amoureux sous le regard de Rossana, la bonne amie de ce dernier.
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Sans vouloir déprécier l'intérêt de Summer of '42, l'émouvant drame sentimental de l'excellent réalisateur Robert Mulligan sorti en 1971 et auquel il pourrait être comparé, Estate violenta vise et atteint presque une dimension tragique que n'ambitionne pas la production Warner. "Une histoire ordinaire devient extraordinaire lorsqu'elle a pour arrière-plan un événement historique." affirmait Léon Tolstoï dont personne n'imaginerait contester l'autorité en la matière. Tout en nourrissant son scénario de souvenirs personnels, Valerio Zurlini prouve à l'évidence qu'il a retenu la leçon de cet éminent auteur qu'il appréciait particulièrement. L'histoire est en effet située au mois de juillet 1943, marqué par deux événements majeurs en Italie, le début des hostilités et son extension sur le sol national après le complexe débarquement des Alliés en Sicile puis la mise en minorité par le Grand conseil du fascisme de Benito Mussolini suivi de son emprisonnement. Mais le scénario développe également avec finesse la psychologie des personnages dans un environnement où les conventions familiales et sociales, l'honneur et la défense de la patrie, voire l'héroïsme s'opposent, au moins provisoirement, à la tentative de réappropriation de son existence, à la liberté d'aimer et au choix de l'individualité face au collectif. Avec ce film, Zurlini réalise une étonnante synthèse des cinémas de Roberto Rossellini (réalisme), de Michelangelo Antonioni (sensibilité et description de la bourgeoisie) mais aussi de Luchino Visconti (traitement narratif). La belle maturité du jeu de Jean-Louis Trintignant, dont ce n'est que le septième film, n'a d'égale que la remarquable interprétation d'Eleonora Rossi Drago qui lui valut d'ailleurs son unique prix, un "Nastro d'argento", dans son pays. Il faut enfin souligner la qualité des compositions musicale de Mario Nascimbene, lui aussi primé, et la superbe photographie, en clair obscur, de Tino Santoni.

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