"Il y a des gens qui vous cherchent."
Vous pourriez me citer un bon thriller politique récent ? Sauf erreur (ou omission !),
le XXIe siècle n'en compte pas encore sur ses tablettes. Tout porte à
croire que le genre s'est réfugié... à la télévision, en particulier
derrière une célèbre série dont les événements se déroulent en temps
réel. The Manchurian Candidate, la référence incontestable fixée au début des années 1960 par John Frankenheimer, n'est pas prête à vaciller sur son piédestal. Autant le dire franchement, nous ne nous attendions pas à voir The Sentinel lui faire, ou à ses suivants immédiats au classement*, ne serait qu'un peu d'ombre. Pourtant, le film de Clark Johnson possédait un atout initial significatif puisqu'il est une adaptation d'un roman de Gerald Petievich auquel on devait déjà l'efficace To Live and Die in L.A. de William Friedkin. Un avantage sur le papier pourrait-on dire, ayant perdu une bonne partie de sa vigueur une fois l'histoire portée à l'écran.
Pete Garrison,
un agent des services secrets attaché au département chargé de la
sécurité du président des Etats-Unis, a connu son heure de gloire en
étant blessé, au cours d'un attentat, à la place d'un ancien locataire
de la Maison Blanche. Divorcé depuis près de dix ans, il consacre sa vie
à cette mission au service du pouvoir et, accessoirement, à la
protection très rapprochée de la First Lady actuelle, Sarah Ballentine. Son collègue et ami Charlie Merriweather,
détenteur d'une information apparemment importante, lui demande de
l'appeler le soir même. Mais il est abattu, quelques heures plus tard,
devant chez lui par un tueur déterminé. Grâce à Walter Xavier, un de ses indicateurs, Garrison
apprend l'existence d'un projet d'assassinat visant le président avec
la complicité d'un agent des services secrets. L'homme réclame un
million de dollars pour lui donner davantage d'informations. Peu après, Garrison
reçoit à son bureau des photographies révélant sa liaison avec l'épouse
du président accompagnées d'un message l'invitant à se rendre dans un
café de la ville où personne ne se présente. Parce que l'établissement
en question est un lieu d'échange d'un cartel sud-américain et que son
test au détecteur de mensonge, passé par l'ensemble des membres du
service, se révèle positif à cause de sa relation avec Mrs. Ballentine, l'ancien héros devient le suspect numéro un de l'enquête menée par son ex-disciple David Breckinridge, une pointure du département qu'un contentieux oppose à Garrison.
Un véhicule destiné à permettre le retour de Michael Douglas, producteur du film, trois ans après la comédie The In-Laws ? Peut-être bien, et après tout pourquoi pas ! Le fils du grand Kirk**, qui a été président des Etats-Unis pour Rob Reiner, n'a certes plus le mordant dont il faisait preuve dans Wall Street mais, à l'âge de son partenaire Karl Malden au début de la série The Streets of San Francisco, il reste encore étonnamment vaillant. Cela ne sauve pas pour autant ce Sentinel. Le scénario signé George Nolfi (aïe !!) est convenu et plat, surtout comparé à ceux de No Way Out ou In the Line of Fire aux pitches assez proches. La mise en scène de l'acteur et réalisateur de télévision Clark Johnson est solide et rythmée mais, comme pour S.W.A.T., elle ne fait preuve d'aucune réelle originalité, prenant pour modèle un hybride situé quelque part entre 24 et CSI: Miami. Kiefer Sutherland apporte sa caution d'expert en services secrets à un personnage nettement moins complexe que Jack Bauer, Eva Longoria et Kim Basinger
font de la figuration à peine décorative. Sans parler de l'épilogue, à
l'insignifiance totalement navrante. C'est encore loin, janvier 2007 !
___*dans l'ordre Z de Costa-Gavras, The Day of the Jackal de Fred Zinnemann et Salvador d'Oliver Stone.
**qui tournait, au même âge que son fils, The Fury de Brian De Palma.
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