"Deux pour-cent d'espoir..."
Le premier long métrage de Michel Leclerc puise une partie de son inspiration, cela ne surprendra personne, dans les courts qui l'ont précédé, parmi lesquels Le Poteau rose, l'une des deux "Mention spéciale du jury"
à Clermont-Ferrand en 2002. On y retrouve également, par touches, le
réalisme de reportage qui caractérisait la série télévisée Age sensible, disparue avant terme, créée à huit mains notamment par Leclerc et à l'écriture de laquelle figurait sa complice Carine Tardieu. J'invente rien est une sympathique comédie romantique réunissant pour la première fois la formidable Elsa Zylberstein, échappée de l'univers de Jean-Christophe Grangé, et l'inattendu Kad Merad, enfin investi d'un rôle principal d'envergure, dans un duo assez convaincant.
Histoire d'amour entre deux doux dingues, J'invente rien
se donne, tour à tour, des allures de comédie dramatique et musicale,
le tout fortement teintée de poésie, voire de fantaisie, infantile. La
mise en scène, sans fioritures inutiles, donne au film un côté brut
plutôt plaisant comparé à la norme des productions actuelles. Le
scénario original repose sur un couple apparemment mal assorti mais qui
réussit à démentir l'implacable définition physique du terme,
judicieusement rappelée par le romancier et poète canadien Pierre
Baillargeon, "au sens mécanique du mot : système de forces parallèles et de sens contraires". Une manière comme une autre de... tourner autour du pot ! La manie de Mathilde et de Paul,
dont l'apanage n'est en rien la prétendue sottise signifiée par le
titre, c'est plutôt de s'évertuer à imaginer la réalité de façon
arbitraire. Le film de Michel Leclerc
montre comment, lorsque celle-ci devient trop concrète et pressante,
elle bouleverse les équilibres subtiles du couple. Il démontre aussi et
enfin, si cela est encore nécessaire, que la plus grande et belle
invention de l'humanité reste sans conteste l'amour et ses générations.
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