"... Kay était une bombe à retardement."
Sorti quelques mois seulement avant An American in Paris, l'un des opus majeurs de Vincente Minnelli, Father's Little Dividend est la suite de Father of the Bride, prolongeant avec les personnages du best-seller d'Edward Streeter les affres de la paternité de Stanley T. Banks. Cette comédie familiale, imaginée par les scénaristes* de It's a Wonderful Life de Frank Capra, ne possède pas toutes les qualités de la précédente, nommée dans trois catégories des Academy Awards 1951. Mais porté par l'interprétation cruciale de Spencer Tracy, la discrète mais essentielle présence de la languienneJoan Bennett** et par le charme de la jeune divorcée (sans enfant !) Elizabeth Taylor, le film demeure un divertissement plaisant.
Stanley Banks retrouve, en ce printemps naissant, une vigueur inattendue. En route pour rendre visite à sa fille Kay et à son falot de mari Buckley Dunstan, il propose à son épouse Ellie
de profiter enfin de la vie et de partir en voyage en Europe ou à
Honolulu. Ses projets sont bientôt contrariés par la nouvelle annoncée
par Kay à ses parents et beaux-parents réunis : le jeune couple
attend un heureux événement pour le mois de novembre prochain. Tout le
monde se réjouit naturellement de cette future naissance, sauf Stanley
confronté à sa vieillesse par l'appellation "grand-père". Mais celui-ci
va avoir rapidement d'autres motifs de contrariété, à commencer par la
rivalité entre les Dunstan et Ellie pour "s'approprier" le futur héritier.
L'atout essentiel du film de Minnelli
est de ne jamais tomber dans la caricature. La succession d'épisodes,
très réalistes, liés à cette maternité réussit à provoquer le sourire ou
le rire sans avoir recours aux extravagances et pitreries de son
remake, Father of the Bride II.
Manque cependant un fil conducteur à cette série de sketches, celui de
la finitude ressenti et craint par le personnage central étant
rapidement escamoté sans être véritablement remplacé. Le réalisateur
semble également plus à l'aise dans les parties mélodramatiques du
scénario, offrant ainsi à Elizabeth Taylor des conditions plus favorables à l'expression de son remarquable talent mis en évidence, la même année, dans A Place in the Sun de George Stevens. L'interprétation de Spencer Tracy,
figure centrale et narrateur de l'histoire, laisse assez peu de place
aux autres personnages mais l'acteur ne semble pas pour autant très
attaché à son rôle. Father's Little Dividend fait un peu penser à Il Padre di famiglia de Nanni Loy que l'on pourra lui préférer.
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*préférés par la Writers Guild of America à Joseph L. Mankiewicz et son People Will Talk pourtant supérieur.
**"encombrante" partenaire de Spencer Tracy dans She Wanted a Millionaire près de vingt ans plus tôt.
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