mercredi 9 août 2006

4 Inyong shiktak (apparition)



"Je vous crois, quoi que vous disiez."

Le cinéma sud-coréen offre, depuis une bonne quinzaine d'années, une palette d'œuvres riches et variées. De la comédie romantique au polar, en passant par le film d'auteur (Kim Ki-duk) ou la science-fiction sans oublier, bien sûr, l'inclassable Park Chan-wook, la production locale couvre désormais, souvent avec brio, un large éventail de genres. La première réalisation de la cinéaste Lee Su-yeon est sensé appartenir à l'actif segment du film d'horreur dans lequel s'illustre notamment son collègue Kim Jee-won. Catalogage abusif car, si certains des éléments narratifs du scénario semblent bien contribuer à cette définition, ils ne sont pas majoritaires et l'essentiel est ailleurs. Sorti il y a déjà trois ans dans son pays d'origine, présenté l'année suivante au Festival du film fantastique d'Amsterdam, 4 Inyong shiktak n'a, en revanche, pas été programmé à Fantasticarts ni distribué dans les salles françaises. Un mauvais présage ?
Un soir qu'il rentre chez lui, épuisé, en métro, Kang Jung-won s'assoupit jusqu'à la station de Jang-am, terminus de la ligne 7. Sortant précipitamment du wagon à l'annonce du speaker, il aperçoit les deux petites filles, qu'il a vu monter avec leur mère, seules et endormies à l'intérieur. Mais il n'a pas le temps d'intervenir avant le redémarrage en sens inverse de la rame. Dans l'appartement, le jeune architecte d'intérieur découvre sa future épouse, Hee-eun, achever d'installer l'éclairage spécifique au dessus de la table qu'elle a choisi pour la cuisine. Le lendemain, sur l'un de ses chantiers, Jung-won apprend par la radio la mort des fillettes âgées de cinq et sept ans, juste avant d'être blessé au front par la chute de gravas du plafond.
La nuit venue, il se réveille, peu après quatre heures, penché sur sa table de travail et, se retournant, voit les jeunes décédées assises à la table de la cuisine dans la même position que dans le wagon. Chez un client psychiatre puis dans une clinique en réfection où il travaille, Jung-won croise Jung Yun qu'il va retrouver le soir même dans la nouvelle église de son père pasteur et raccompagner chez elle. Pendant le trajet, la jeune femme fait un malaise et Jung-won doit l'emmener chez lui. Lorsqu'elle retrouve ses esprits et avant de quitter son hôte, Yun suggère à celui-ci de coucher ses enfants, endormies à table.
Même si les personnages ne sont pas aussi fouillés et les dialogues moins minutieux que le requiert le genre, 4 Inyong shiktak (lit. table à dîner pour quatre) constitue davantage un drame psychologique qu'un film d'horreur ou qu'un thriller. Sa longueur et sa relative langueur l'empêchent d'ailleurs de pouvoir revendiquer cette dernière appellation (plus ou moins contrôlée). L'imaginaire développé par Lee Su-yeon ne manque cependant pas d'inquiéter et d'impressionner par ses obsessions et sa froide morbidité. La famille, l'infanticide et le suicide sont au cœur d'un récit dont l'introspection et l'émotion traumatique ou dépressive apparaissent, plus que l'effroi, comme les vecteurs principaux, phénomène accentué par la réalisation et la photographie (quoique légèrement contrebalancé par certains motifs de la bande sonore). Délicate mais convaincante prestation des deux acteurs principaux, en particulier une Jun Ji-hyun inattendue dans un tel rôle après celui tenu dans Yeopgijeogin geunyeo. Subsiste pourtant, malgré les qualités réels du film, un déplaisant sentiment d'inachevé et de potentiels inexploités.

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