lundi 7 août 2006

Le Temps de la désobéissance


"... Notre devoir d'humain."


La pertinente formule de Mirabeau, "il existe quelqu'un de pire que le bourreau, c'est son valet", trouve dans le régime de Vichy une parfaite illustration. Des lois des 3 et 4 octobre 1940 précédant la rencontre de Montoire du 24 octobre et l'appel à la collaboration six jours plus tard à la rafle du Vel' d'hiv en juillet 1942, les gouvernements de Pétain et leurs exécutants, sous le ridicule prétexte de conserver autorité et indépendance vis-à-vis de l'occupant, ont écrit l'une des pages les plus viles et sombres de l'histoire de France. Dans ce contexte où égoïsme, lâcheté et opportunisme faisaient tristement loi, certains, par leur action, ont réussi à donner encore du sens aux mots "humanité" et "civilisation". Parmi eux, tous les habitants du village auvergnat de Le Chambon-sur-Lignon, un couple d'enseignants parisiens, Jean et Marguerite Allard, une épicière de Carcassonne, Juliette Bazille, un officier de gendarmerie de Riom, Maurice Berger, un policier chargé des étrangers au commissariat de Soissons, Charles Létoffé. C'est Edouard Vigneron, un "juste" proche de ce dernier, et les six hommes de son service qui inspirent le téléfilm de Patrick Volson.
Le 21 juillet 1942, le secrétaire principal Edouard Vigne, responsable du service des étrangers au commissariat central de Nancy, est arrêté par l'armée allemande. Membre d'un réseau clandestin chargé, grâce à sa position, de réaliser des faux papiers et de permettre l'exfiltration d'officiers vers Londres, Vigne avait, trois mois plus tôt, retrouvé dans sa ville Albert Callot, arrêté par ses soins en avril 1940, sous le nom de Meunier, pour le meurtre d'un policier à Versailles. Celui-ci, désormais chef de la police locale aux questions juives, est convaincu de la duplicité du secrétaire principal et tente de le prouver. Pour cela, il fait muter l'inspecteur Lucas Barois, dont le fils Maurice est prisonnier en Allemagne, au service des étrangers et le charge de surveiller son ami d'enfance. Pour le convaincre, Callot permet à Maurice de correspondre avec sa famille puis il donne à Barois des raisons mensongères sur la réussite scolaire et professionnelle de Vigne. C'est dans ce contexte qu'est organisée, le 19 juillet 1942, trois jours après celle de Paris, une grande rafle dans la ville lorraine.
Plus de soixante ans après les événement tragiques de l'été 1942, les œuvres cinématographiques sur le sujet restent plutôt rares. Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani ou Monsieur Klein de Joseph Losey se déroulaient à cette époque et y faisaient plus ou moins explicitement référence. Le documentaire La Rafle du Vél d'Hiv de Gilles Nadeau et Jacques Duquesne, produit en 2002 et diffusé l'année dernière sur France 5, offrait une intéressante mise en perspective idéologique et sociopolitique de cette funeste épisode de l'Occupation et de la collaboration. En narrant, sous forme de fiction, des faits authentiques, Le Temps de la désobéissance vient modestement mais utilement réduire ce déficit. L'ambition de ce téléfilm n'est évidemment pas comparable à celle du controversé Schindler's List de Spielberg, plus proche du Wallenberg: A Hero's Story tourné également pour la télévision par l'Américain Lamont Johnson en 1985. Patrick Volson réussit néanmoins à traduire la confusion et le caractère pernicieux du régime de Vichy, sous lequel un assassin pouvait devenir chef de la police et où la justice et la moralité n'avaient, sauf exceptions, plus cours. Les portraits parallèles des deux anciens amis, assez bien dressés, entre lesquels s'immisce la figure malfaisante, presque démente, de Callot constituent le ressort dramatique principal du film. Au détriment de la narration de la tragédie fondamentale qui lui sert de fond. La prestation de l'habitué des seconds rôles Daniel Russo (la voix française d'Harvey Keitel) est convaincante, surtout comparée à celle de Martin Lamotte ou de l'acteur de Jean-Pierre Jeunet, Thierry Gibault

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