"Croyez-moi, c'était plus dur pour moi que pour vous."
Depuis le célèbre Guess Who's Coming to Dinner, des scénarii mettant aux prises élu(e)
du cœur et belle-famille sont régulièrement soumis aux producteurs de
cinéma. L'année dernière, au moins trois films répondant au critère ont
été à l'affiche, du modeste remake du film de Stanley Kramer par Kevin Rodney Sullivan au médiocre Monster-in-Law de Robert Luketic dans lequel Jane Fonda et Jennifer Lopez s'affrontaient. Avec Prime, Ben Younger
s'y est essayé à son tour, recourant pour se démarquer à quelques
variantes narratives. Il faut pourtant reconnaître que, malgré la
présence prestigieuse et inédite des deux actrices principales, sur
laquelle s'est bâti le relatif succès du film, le soufflé ne parvient
pas à monter. Qui a dit que la comédie romantique était un genre facile ?
A trente-sept ans, Raphaelle 'Rafi' Gardet vient de divorcer après neuf années de mariage. Elle confie son désarroi à Lisa Metzger,
sa psychanalyste. Celle-ci essaie de l'encourager à profiter de ce
nouveau départ et trouve particulièrement réjouissant que sa patiente
ait à présent, paradoxalement, envie d'un enfant. Un soir, alors qu'elle
se trouve avec des amis dans la file d'attente d'un cinéma, Rafi fait la connaissance de David Bloomberg. Le jeune homme l'invite peu après à dîner et, malgré la grande différence d'âge, Rafi, séduite par la gentillesse de Dave,
se laisse aller à flirter avec son cadet de quatorze ans. A la fois
inquiète et enthousiasmée par cette relation insolite et inespérée, Rafi reçoit les encouragements de Mrs. Metzger. Jusqu'au moment où cette dernière comprend que l'amant en question n'est autre que son propre fils.
Quel(s) élément(s) peu(ven)t bien empêcher la pompe de Prime de s'amorcer ? Principalement, à l'image de la confection de la recette du gefilte fish (carpe farcie),
le dosage et le temps de cuisson. Les ingrédients de la farce sont,
ici, le classique contraste socio-culturel auquel s'ajoutent une
différence d'âge non-conventionnelle et, surtout, une situation
embarrassante et contradictoire, donc humoristique, associant les rôles
de psychothérapeute et de mère. La vraisemblance de l'intrigue est loin
d'être acquise, mais le film pèche surtout par sa construction et ses
longueurs ainsi que par l'interprétation de Bryan Greenberg et, dans une moindre mesure, celle d'Uma Thurman. Si l'on excepte sa participation au remake The Producers, l'actrice a, semble-t-il, du mal à trouver un second souffle après ses tranchantes fantaisies tarantiniennes. La grande Meryl Streep offre une jolie prestation dans un rôle, hélas ! trop étriqué pour que s'exprime pleinement tout son talent.
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