"Oh, c'est la clause de transports."
J'ai un peu de mal, dois-je l'avouer, à être totalement objectif à propos de ce film de Brian De Palma.
Découvert peu avant sa sortie publique, il a longtemps figuré parmi mes
comédies préférées et m'a rendu durablement plus attentif, à tort ou à
raison, aux productions du réalisateur italo-américain. Plus de trente
ans après, même s'il ne bénéficie pas d'un culte égal à celui rendu au
britannique The Rocky Horror Picture Show auquel il a ouvert la voie, il possède toujours des amateurs prêts à revoir les aventures tragi-comiques et musicales de Winslow Leach. Pourtant, tout avait mal commencé pour Phantom of the Paradise. D'abord quelques démêlés juridiques avec des ayant-droits (notamment Universal pour le roman de Gaston Leroux qui inspire partiellement le film et "Swan Song"*, le label créé quelques mois plus tôt par Led Zeppelin chez Atlantic Rec.).
Ensuite et surtout un échec public et commercial lors de sa première
exploitation... sauf à Winnipeg, au cœur du Canada, un mystère qui
reste à élucider, et à Avoriaz, obtenant même, en 1975, le "Grand prix" du Festival du film fantastique.
Swan, le génial producteur de musique, est à la recherche du programme d'ouverture du "Paradise", le temple du rock qu'il va bientôt ouvrir et dont il veut faire son œuvre ultime. Son choix se porte sur une chanson composée et chantée par le talentueux mais naïf Winslow Leach, extraite d'une œuvre ambitieuse, une cantate inspirée par le mythe de Faust. Celui-ci accepte, sans trop de résistances, de confier sa partition à Philbin, l'homme de main de Swan. N'ayant toujours pas de nouvelle au bout d'un mois, il se rend au siège de Death Records, le label fondé par celui-ci mais il est expulsé manu militari du bâtiment. Il tente ensuite sa chance au domicile du producteur où a lieu une audition. Il y remarque Phoenix, une chanteuse très douée mais sa tentative de rencontrer Swan est aussi infructueuse que la précédente. Pire, victime de policiers corrompus, il est condamné à la prison à vie pour détention de drogue. Mais lorsqu'il apprend, par la radio, que les Juicy Fruits, le groupe produit par Swan, a obtenu un disque d'or et va assurer l'inauguration du "Paradise" avec sa chanson, Winslow, fou de colère, s'évade de Sing Sing. Dans l'usine de fabrication, il détruit les disques, fruits de cette monstrueuse imposture, avant d'être découvert et accidentellement défiguré par une presse. Considéré comme mort, il revient pourtant, costumé et masqué, hanter le "Paradise" et y provoquer une explosion sur scène pendant les répétitions. Swan lui propose alors un contrat lui donnant la maîtrise de la programmation artistique, y compris l'engagement de Phoenix comme vedette ; le producteur n'est, en effet, pas à une trahison près.
Phantom of the Paradise tient à la fois de la satire du show biz, de l'opéra (horrifi)comique (davantage qu'une comédie musicale) et du pur délire jouissif. La septième adaptation, officieuse, de l'œuvre de Leroux, si elle ne concurrence pas celles de Rupert Julian et de John S. Robertson, est, sans conteste, la plus innovante et, bien sûr, la plus drôle. Truffé de références cinématographiques (ou télévisuelles, ce nouveau et nième visionnage m'a permis de relever un clin d'œil au Zorro de Walt Disney), bourré de jeux de mots (v.o. obligatoire !), le deuxième film indépendant de De Palma après l'expérience Warner a étonnement bien traversé les années. L'aspect bricolage, manifeste dans Sisters, subsiste mais la réalisation fait ici un net bond qualitatif par rapport au précédent. Avec le recul, Phantom of the Paradise a probablement participé à l'émergence de la courte vague d'opéras-rock initiée par Ken Russell avec Tommy et, plus certainement, été à l'origine de celle des comédies horrifiques qui a fait florès à partir de cette époque ou encore influencé des groupes comme Kiss. Changement de décor pour Paul Williams, qui venait de faire le singe dans Battle for the Planet of the Apes, avec cette caricature narcissique de Phil Spector. Egalement compositeur de la bande musicale, il sera, à ce titre, nommé pour la seconde année consécutive aux "Oscars". A noter qu'aux côtés de l'habituel William Finley apparaît, pour la première fois à l'écran, Jessica Harper qui avait débuté à Broadway dans "Hair". Une des rares brunes du cinéma de De Palma.
___
*toutes les mentions à ce label ont été recouvertes, après développement de la pellicule, par "Death Records". Remplacement d'autant plus navrant que le "chant du signe" possède un double sens parfaitement adapté au film puisque Winslow est rendu muet par son accident.
Swan, le génial producteur de musique, est à la recherche du programme d'ouverture du "Paradise", le temple du rock qu'il va bientôt ouvrir et dont il veut faire son œuvre ultime. Son choix se porte sur une chanson composée et chantée par le talentueux mais naïf Winslow Leach, extraite d'une œuvre ambitieuse, une cantate inspirée par le mythe de Faust. Celui-ci accepte, sans trop de résistances, de confier sa partition à Philbin, l'homme de main de Swan. N'ayant toujours pas de nouvelle au bout d'un mois, il se rend au siège de Death Records, le label fondé par celui-ci mais il est expulsé manu militari du bâtiment. Il tente ensuite sa chance au domicile du producteur où a lieu une audition. Il y remarque Phoenix, une chanteuse très douée mais sa tentative de rencontrer Swan est aussi infructueuse que la précédente. Pire, victime de policiers corrompus, il est condamné à la prison à vie pour détention de drogue. Mais lorsqu'il apprend, par la radio, que les Juicy Fruits, le groupe produit par Swan, a obtenu un disque d'or et va assurer l'inauguration du "Paradise" avec sa chanson, Winslow, fou de colère, s'évade de Sing Sing. Dans l'usine de fabrication, il détruit les disques, fruits de cette monstrueuse imposture, avant d'être découvert et accidentellement défiguré par une presse. Considéré comme mort, il revient pourtant, costumé et masqué, hanter le "Paradise" et y provoquer une explosion sur scène pendant les répétitions. Swan lui propose alors un contrat lui donnant la maîtrise de la programmation artistique, y compris l'engagement de Phoenix comme vedette ; le producteur n'est, en effet, pas à une trahison près.
Phantom of the Paradise tient à la fois de la satire du show biz, de l'opéra (horrifi)comique (davantage qu'une comédie musicale) et du pur délire jouissif. La septième adaptation, officieuse, de l'œuvre de Leroux, si elle ne concurrence pas celles de Rupert Julian et de John S. Robertson, est, sans conteste, la plus innovante et, bien sûr, la plus drôle. Truffé de références cinématographiques (ou télévisuelles, ce nouveau et nième visionnage m'a permis de relever un clin d'œil au Zorro de Walt Disney), bourré de jeux de mots (v.o. obligatoire !), le deuxième film indépendant de De Palma après l'expérience Warner a étonnement bien traversé les années. L'aspect bricolage, manifeste dans Sisters, subsiste mais la réalisation fait ici un net bond qualitatif par rapport au précédent. Avec le recul, Phantom of the Paradise a probablement participé à l'émergence de la courte vague d'opéras-rock initiée par Ken Russell avec Tommy et, plus certainement, été à l'origine de celle des comédies horrifiques qui a fait florès à partir de cette époque ou encore influencé des groupes comme Kiss. Changement de décor pour Paul Williams, qui venait de faire le singe dans Battle for the Planet of the Apes, avec cette caricature narcissique de Phil Spector. Egalement compositeur de la bande musicale, il sera, à ce titre, nommé pour la seconde année consécutive aux "Oscars". A noter qu'aux côtés de l'habituel William Finley apparaît, pour la première fois à l'écran, Jessica Harper qui avait débuté à Broadway dans "Hair". Une des rares brunes du cinéma de De Palma.
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*toutes les mentions à ce label ont été recouvertes, après développement de la pellicule, par "Death Records". Remplacement d'autant plus navrant que le "chant du signe" possède un double sens parfaitement adapté au film puisque Winslow est rendu muet par son accident.
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