"Là où son âme est restée."
Trop sombre pour rythmer les soirées estivales des téléspectateurs, le scénario d'Ange de feu ? Une saga d'au moins cinq épisodes de quatre-vingt-dix minutes était en effet le format initial proposé par France Télévisions à Isabel Sebastian et Philippe Setbon.
Avant d'être finalement ramené à un téléfilm de trois heures diffusé en
deux parties au milieu de l'hiver. Avec un certain succès, puisque près
de sept millions de personnes se sont laissées tenter par cette
intrigue mystérieuse et meurtrière, dans la lignée des Zodiaque et 3 femmes... un soir d'été.
Ce relatif compactage a probablement servi un film qui, s'il n'est pas
dépourvu de quelques défauts, est réellement plaisant et réussi.
Profondément bouleversée par la découverte d'un faire-part de décès au nom de son époux, le bien-vivant juge d'instruction Marc Sorel, accompagné d'une étrange miniature de personnage, Françoise
se jette dans le vide depuis la terrasse de son appartement parisien.
Ce geste fatal et inattendu trouble évidemment son veuf et Lola,
sa fille étudiante en droit, d'autant plus que les dernières volontés
de la suicidée, confiées à un notaire, stipulent son désir d'être
inhumée à Castelnac, son village natal quitté vingt ans plus tôt où elle
n'est pourtant jamais retournée. Pendant l'enterrement, sous le regard
d'un intriguant et séduisant employé du cimetière, la jeune femme
rencontre son oncle maternel et sa cousine, Vincent et Carine Cabrel, le premier affichant une très franche et désagréable froideur, voire hostilité.
Les Sorel, après être rapidement passés par "La Grenouillère", la maison abandonnée et pillée appartenant à Françoise, sont hébergés par Michel D'Avril, un vieil ami de Marc, propriétaire d'un hôtel. Le lendemain, Lola
annonce à son père qu'elle ne rentre pas avec lui à Paris car elle
souhaite tenter de comprendre l'énigmatique raison pour laquelle Françoise les a fait revenir, après si longtemps, à Castelnac. Elle se rend d'abord à l'entreprise de Vincent Cabrel où un accueil toujours aussi détestable lui est réservé. Le soir même, D'Avril et Lola,
qu'il poursuit d'assiduités de plus en plus virulentes, ont une grave
empoignade dans la chambre de celle-ci. Le cadavre de l'hôtelier est
bientôt retrouvé par sa femme dans la cour de l'établissement. L'enquête
est confiée au capitaine Noël Courtal pour lequel c'est également l'occasion d'un retour dans un environnement qu'il a autrefois bien connu.
Il
faut bien l'avouer, cette double intrigue croisée est assez prenante,
ce qui n'a rien d'étonnant lorsque l'on connaît la qualité d'écriture du
scénariste Philippe Setbon.
Certes, la narration comporte des faiblesses ou incohérences et le
script a conservé quelques stigmates du format d'origine, mais Ange de feu appartient au cercle fermé (et étroit !)
des bonnes productions télévisuelles. La réalisation est plutôt
adroite, recourant régulièrement à des solutions habituellement
utilisées au cinéma, en particulier grâce à la photographie de
l'italienne Chicca Ungaro dont nous avions pu précédemment goûter le travail sur Froid comme l'été et Quelques jours entre nous.
Le seul vrai reproche que l'on peut formuler à l'encontre du film est
la récurrente maladresse de l'ancien dessinateur de B.D. Setbon à diriger ses acteurs. C'est particulièrement sensible pour les jeunes actrices Louise Monot et Aurore Auteuil dont le talent intrinsèque n'est pas en cause. La première soumet notamment ses répliques à rude épreuve. Frédéric Diefenthal trouve dans le personnage de Noël Courtal
matière à une intéressante composition mais il n'est visiblement pas
assez cadré. En revanche, la sobriété du rôle sert assez bien le jeune
premier Marc Ruchmann, aperçu dans 5x2.
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