mercredi 13 octobre 2004

Zatôichi kesshô-tabi (zatôichi : voyage meurtrier)


"- C'est lui votre client.
- Ce bébé ?"

Huitième épisode de la série "La Légende Zatoichi" produite par la Daei et le deuxième réalisé par Kenji Misumi, Zatôichi kesshô-tabi (littéralement "Zatôichi, le voyage qui rit de sang") reste, bien sûr, fidèle à l'esprit de la franchise (voir Zatôichi monogatari) mais en y introduisant un élément déjà présent dans les précédents opus mais qui occupe ici une place éminente et involontairement perturbatrice : un nourrisson. A lui seul, il donne à cette aventure, somme toute plutôt commune, et à son héros une dimension humaine inattendue.
Quatre mercenaires et leur chef, Waheiji, ont été engagés pour éliminer Ichi (Shintarô Katsu). Celui-ci est en route pour se rendre au temple Zenko. Deux porteurs de palanquin lui proposent et le convainquent, en lui accordant une forte réduction de prix, d'utiliser leur service. Ichi vient bientôt à l'aide d'une jeune mère, accompagnée de son enfant, épuisée par la marche en lui offrant sa place dans la litière. Les tueurs, par méprise, sabrent la femme en épargnant son bébé. Celle-ci s'appelait Oyoko et avait été laissée en gage dans une auberge de Nirazaki pour une dette de cinq pièces d'or contractée par son mari, Unosuké, courtier en soie de Miyagi. Ichi se charge de rendre l'enfant à son père. En route, il recrute une péripatéticienne doublée d'une voleuse (Hizuru Takachiho) pour s'occuper partiellement du bébé. Mais le chemin jusqu'à Miyagi est long et périlleux car les mercenaires sont toujours en chasse.
C'est le contexte nouveau créé par la cohabitation d'un homme en danger avec un bébé qui fait une grande partie de l'intérêt de Zatôichi kesshô-tabi. Si le personnage central conserve ses caractéristiques habituelles, humilité, bonté, drôlerie et fulgurance dans le combat, il renforce la plupart de ces traits en prenant très au sérieux son rôle de père adoptif provisoire. Le sens du devoir, de l'entraide et du repentir, la tendresse et la sensibilité (touchant épisode de hochet) sont permanents dans le film, sans parler des situations cocasses, tendance scatologique, engendrées par la présence de l'enfant. Trois scènes dominent le récit. La classique "scène du jeu de dés", forte et remarquablement bien mise en images, la qualité de la mise en scène et de la photographie étant d'ailleurs un signe distinctif constant du film. Celle "du samouraï", simple et efficace et le "combat final" visuellement (et auditivement !) inventif. A noter, également, la présence d'un thème musical de western aux accents orientaux. On regrettera juste, enfin, la traduction maladroite, dans les sous-titres du dialogue entre Zatoichi et le prêtre à la fin du film, du mot "aventurier" par le terme de "yakusa" dont le sens est très éloigné.

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