dimanche 10 octobre 2004

Anatomie de l'enfer


"C'est le mensonge de la douceur des femmes qui est haïssable."

Avec ce pénultième film, Catherine Breillat poursuit sa montée progressive du déplaisir amorcée avec A ma sœur !. On pourrait presque dire qu'elle atteint, ici, le coitus interruptus des ébats, contre nature, entre formalisme et littérature. Littérature car ce film est une adaptation de son propre ouvrage, "Pornocratie" paru en 2001. Formalisme parce que l'image est symboliquement hypertrophiée (pas seulement lorsque Siffredi est à l'écran !) tout en étant, malgré les apparences, très conventionnelle. Centre de gravitation ? Le sexe, bien sûr.
Une femme (Amira Casar) se rend dans les toilettes d'un boîte de nuit gay pour s'ouvrir les veines. Parce qu'elle l'a touché fortuitement en le croisant, un homme (Rocco Siffredi), homosexuel, l'y retrouve et l'emmène dans une pharmacie. Elle lui propose le marché suivant : passer quatre nuits à l'observer. Enjeu : réussira-t-elle à le dégoûter de son corps ou, au contraire, parviendra-t-elle à le séduire ?
Pour le spectateur, en tous cas, c'est la première réponse qui, d'évidence, s'impose. Passe encore d'essayer de faire passer de la vraie pornographie, tendance bourgeoise, pour un discours philosophique, tendance lacanienne, mais le mauvais goût a ses limites que Breillat dépasse par provocation stérile et gauche. En outre, la réalisatrice pousse la notion de femme-objet à son paroxysme puisque son actrice, à l'exception de quelques brefs instants, est cantonnée à un rôle purement décoratif. Sans parler de celui de cette pauvre doublure réquisitionnée pour les gros plans "sévicieux". L'homme n'est pas mieux loti puisque l'acteur porno, déjà vu dans Romance, est, cela va sans dire, plus à l'aise dans l'action (rare et triste) que dans la diction (primordiale, en particulier au cours de la première nuit). Comédie (comedy ?) grotesque qui se prend pour une tragédie, ce cours d'anatomie est destiné aux carabins-cinéphiles se destinant à la vilenie et à l'indécence. L'une des "tirades" de la femme est : "Il faut me regarder quand je ne me vois pas" ; encore faudrait-il qu'il y ait quelque chose à voir !

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