lundi 18 octobre 2004

Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom (printemps, été, automne, hiver... et printemps)


"... Tu devras porter cette pierre dans ton cœur pour le reste de ta vie."

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Kim Ki-duk, dont nous avions découvert Seom en 2001, a connu, en 2004, une actualité importante en France. La rétrospective de son œuvre au Festival du cinéma asiatique de Deauville précédait, en effet, les sorties successives en salles de Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom, de Hae anseon et, attendu à la fin du mois, de Samaria. Financé par des capitaux coréens et allemands (Karl Baumgartner n'est autre que le producteur d'Underground de Kusturica), son antépénultième film est une fable contemplative, poétique et un peu fantastique sur les étapes de la vie. Il a obtenu le "Prix du public" au Festival de San Sebastian et son réalisateur s'est vu décerné pas moins de quatre prix à Locarno.
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Un moine bouddhiste et son disciple vivent dans un temple et une région isolés au milieu de la nature. Printemps : remède et poison, les leçons de la cruauté. Eté : la naissance du désir et la souffrance de l'amour. Automne : la colère, la douleur, le meurtre et la réconciliation. Hiver : la maîtrise, le dévoilement et la renaissance... Et le printemps : l'éternel retour.
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Le passé de peintre de Kim Ki-duk est, dans ce film, plus que manifeste. De même que s'y exprime, à nouveau, sa fascination pour l'eau. Ses "Cinq saisons" n'ont pas de saveur concertante, elles traduisent plutôt une petite musique de chambre spirituelle et élégiaque dans laquelle l'homme est irrémédiablement acteur du cosmos, dans son innocence comme dans sa sagesse. Le rapport à la nature est, ici, évident et immédiat. Le réalisateur se moque subtilement de la vanité et de la vacuité de la modernité (dans la séquence avec les enquêteurs), même si le traumatisme qu'elle provoque est un des moments dramatiques du film. La magie de Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom est probablement à chercher dans sa limpidité conceptuelle, dans la simplicité documentaire et l'esthétique de sa mise en scène. Enfin, les acteurs, presque tous amateurs (y compris le metteur en scène, sauf Young-min Kim déjà présent dans Suchwiin bulmyeong), sont plutôt convaincants. Le film devrait séduire ceux qui ne font pas du bavardage et de l'action les seuls étalons de la qualité filmique. Et ceux qui l'ont déjà vu au cinéma le reverront sans doute avec plaisir.

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