"When Your Mind's Made Up."
Bassiste du groupe rock irlandais The Frames au début des années 1990, John Carney n'imaginait probablement pas voir son cinquième film, le deuxième après On the Edge réalisé en solo, connaître un tel succès et entrer, aux côtés de The Commitments (pour n'en citer qu'un seul), dans le club fermé des meilleurs drames musicaux. Fiction atypique, aux inspirations autobiographiques et connotations documentaires, Once gagne l'estime dont il jouit grâce à la subtile alliance nouée par son scénario entre simplicité et sincérité. "Prix du public" au Sundance Film Festival en janvier 2007, ce "petit film (qui) a enthousiasmé (Steven Spielberg) pour le reste de l'année !" a également vu l'une de ses chansons récompensée lors de la dernière cérémonie des Academy Awards.
Lorsqu'il n'aide pas son vieux père à réparer des aspirateurs, un (plus tout) jeune homme essaie de gagner un peu d'argent en chantant des chansons dans les rues de Dublin. Il rencontre un jour une fille étrangère, elle aussi employée à de petits boulots, qui semble apprécier ses compositions et... talents de réparateurs ménagers. Accompagnée de son aspirateur en panne, celle-ci l'emmène le lendemain dans la boutique d'instruments où, avec l'autorisation du commerçant, elle a l'habitude de s'exercer au piano à l'heure du déjeuner. L'auteur, interprète et guitariste l'invite alors à l'accompagner sur l'un de ses titres puis chez lui. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la jeune femme de le convier dans le modeste appartement qu'elle partage avec sa petite fille Ivonka et sa mère, émigrées comme elle de République tchèque.
Produit avec un budget extrêmement serré (130 000€), dans l'urgence (dix-sept jours) et en HDV, Once s'apparente davantage à un reportage tourné entre copains qu'à une courante production formatée. A l'effet de surprise initial succède celui du charme irrésistible, sans artifices*, de ce court récit où se croisent le destin de deux êtres, un peu marginaux, que tout rapproche et sépare à la fois. Sans participer directement à la narration comme dans un classique film musical, les chansons en influencent très étroitement le cours et la tonalité. Les (multiples et combinées !) interprétations de Glen Hansard, ex-leader de The Frames, second rôle du film d'Alan Parker cité précédemment et vedette de la scène irlansaise, et de Markéta Irglová, l'une des partenaires de son premier album solo, apportent à Once ce supplément d'âme et d'authenticité vraisemblablement à l'origine de son inattendu mais mérité succès public**.
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*un peu dans la veine de Letter to Brezhnev du Britannique Chris Bernard.
**près de 9,5M$ de recettes au box-office US.
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