mardi 20 mai 2008

Two-Minute Warning (un tueur dans la foule)


"All place is a kill zone!"

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La société étasunienne vit depuis plusieurs décennies (l'origine remontant peut-être à l'assassinat du président Kennedy en 1963) sous la hantise du carnage commis, sans motif apparent, par un dément, terroriste ou pas. Son histoire criminelle lui a souvent donné raison, de Charles Whitman, auteur du massacre de l'Université du Texas à Austin en 1966 (interprété par Kurt Russel dans un téléfilm de Jerry Jameson et cité dans la première partie du Full Metal Jacket de Kubrick) ou Mark Essex, meurtrier de dix personnes à la Nouvelle-Orléans en 1973 aux fusillades plus récentes, dont celle du lycée Columbine, inspiratrice notamment du Elephant de Gus Van Sant. Cette psychose collective a très tôt alimenté les scénarii, ceux de The Sniper réalisé par Edward Dmytryk, Targets signé par Peter Bogdanovich ou le pitch du Dirty Harry de Don Siegel. Two-Minute Warning, adapté d'un roman du méconnu George La Fountaine par le scénariste de télévision Edward Hume, s'inscrivait au milieu des années 1970 dans cette thématique cinématographique.
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De la fenêtre de sa chambre d'hôtel, un inconnu armé d'un fusil à lunette abat un homme s'adonnant au vélo avec son épouse. Le meurtrier quitte aussitôt l'endroit pour se rendre en voiture au Memorial Coliseum où l'équipe de football de Los Angeles va, dans quelques heures, affronter celle de Baltimore. Dès le matin, la ville vit au rythme de ce match qui va attirer une foule immense constituée d'individus ou de familles anonymes et de personnalités politiques, y compris probablement le président des Etats-Unis lui-même. Entré tôt muni d'un billet, le tireur force une porte et neutralise les deux dobermans chargés de protéger l'accès à la terrasse au-dessus de la monumentale arche située à l'une des extrémités du stade. Puis, après avoir assemblé son fusil équipé d'un chargeur contenant une trentaine de cartouches, il patiente pendant que le public envahit les tribunes et les équipes de télévision préparent la retransmission.
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Porté par Edward Feldman (producteur du précédent film de Larry Peerce et associé au tout récent téléfilm 21 Hours at Munich) en pleine vogue du film catastrophe*, Two-Minute Warning en reprend la structure narrative et l'utilisation de la caméra subjective. La très longue première partie présente, en montage alterné**, les acteurs malgré eux du drame à venir. Ceux, passifs, dont on ne saura presque rien, ou au contraire actifs (peu étoffés également par le script) chargés de le résoudre. Pur exercice de style filmé avec une évidente indolence par Peerce, le bien-nommé*** Two-Minute Warning use à l'extrême son idée de départ. Sans sa prestigieuse distribution, ce film proche du Black Sunday de John Frankenheimer n'aurait probablement pas connu son relatif succès commercial et serait sûrement tombé dans les vastes et encombrées oubliettes du Septième art.
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La prestation des acteurs ne mérite d'ailleurs pas de figurer dans les annales d'interprétation. Rescapé d'un B747 heurté en plein vol et d'un tremblement de terre, Charlton Heston avait entamé, trois ans plus tôt, la partie la moins intéressante de sa carrière. Entre The Killing of a Chinese Bookie et Opening Night, John Cassavetes y revêt, une rareté, l'uniforme tandis que son épouse Gena Rowlands se voit cantonnée, certes aux côtés de David 'The Fugitive' Janssen, à une pale figuration. Sur le critère de la durée d'apparition à l'écran, le L.A. Memorial Coliseum, site des jeux Olympiques d'été 1932, reste la véritable vedette de Two-Minute Warning. A noter enfin qu'une version télévisée, amputée d'environ quarante-cinq minutes du métrage d'origine et additionnée d'une demi-heure d'une intrigue parallèle, a été diffusée sur NBC en 1978.
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*initiée, rappelons-le, en 1970 par Universal avec Airport et poursuivie notamment par The Poseidon Adventure (Fox) et The Towering Inferno (Fox-Warner).
**pour lequel les deux monteurs furent nommés aux "Oscars" 1977.
***durée finale au cours de laquelle le film "bascule" !

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