mercredi 14 mai 2008

American Gangster


"Who can afford to sell shit twice as good for half as much?"

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Hormis dans quelques productions des années 1970, labellisées Blacksploitation (parmi lesquelles figurent en bonne place le Shaft de Gordon Parks ou le Black Caesar de Larry Cohen), les parrains afro-américains réels ou fictifs apparaissent rarement dans le cinéma US. Pourtant, dès la fin des années 1920, Casper Holstein, contemporain d'un certain Alphonse Gabriel Capone, incarnait déjà à Harlem la figure du gangster philanthropique que reprendront après lui les discrets Ellsworth 'Bumpy' Johnson et Frank 'Superfly' Lucas puis l'exubérant Leroy 'Nicky' Barnes. Précédant de quelques jours la sortie du documentaire Mr. Untouchable de Marc Levin, American Gangster comble partiellement ce déséquilibre filmique, permettant au passage à Ridley Scott de renouer, après l'échec de A Good Year, avec une position au box-office* plus conforme à sa réputation.
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Harlem, 1968. Patron des gangs de ce quartier de New York et néanmoins personnage populaire grâce notamment à la générosité dont il fait preuve auprès des plus pauvres, 'Bumpy' Johnson meurt subitement d'un accident cardiaque aux côtés de son proche collaborateur Frank Lucas. Les différents clans, fédérés jusque-là par le défunt sans réel successeur, retrouvent alors une certaine indépendance. Frank Lucas cherche à redéfinir et à réorganiser à son profit le très rentable marché de l'héroïne en proposant le meilleur produit, en éliminant les intermédiaires, notamment en s'approvisionnant directement au Cambodge grâce à l'aide de son "cousin" Nate, officier de l'armée US au Viêt-nam. De son côté, l'inspecteur Richie Roberts, policier atypique et marginalisé en raison de son honnêteté, accepte de prendre la tête d'une brigade spéciale formée pour lutter contre les gros trafiquants de stupéfiants.
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Initié dès 2000, lorsque Universal et Imagine Entertainment se sont portés acquéreurs des droits de l'histoire relatée cette même année par Mark Jacobson (associé pour l'occasion à Nicholas Pileggi) dans l'hebdomadaire "New York", l'ambitieux projet American Gangster a connu plusieurs remaniements et reports successifs**. Sous la conduite de Ridley Scott pour lequel il s'agit seulement du second polar après Black Rain, le film privilégie assez naturellement les personnages et les dialogues aux scènes d'action, ce qui ne constitue pas un handicap en soi. Il demeure néanmoins en retrait par rapport à GoodFellas, l'une des ses principales références, en raison notamment d'une trop grande linéarité, d'une intensité dramatique diluée et d'improbables raccourcis narratifs (un paradoxe pour un film de près de trois heures dans sa version longue !). Et s'ils ne déméritent pas, Denzel Washington et Russell Crowe, à nouveau réunis douze ans après le futuriste Virtuosity de Brett Leonard, offrent une interprétation sensiblement bémolisée.
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*classé troisième des films Universal sortis en 2007 (après The Bourne Ultimatum et Knocked Up) et de la carrière de Scott (après Gladiator mettant pour la première R. Crowe en vedette et Hannibal déjà en collaboration avec Steven Zaillian).
**Brian De Palma, Antoine Fuqua ou Terry George ont été associés à la réalisation, également au scénario pour le dernier, Don Cheadle, Brad Pitt, Benicio Del Toro et Joaquin Phoenix pressentis pour l'un des deux rôles principaux.

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