vendredi 2 mai 2008

Mr. Untouchable


"Treat my brother as I treat myself."

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Souvent cité par des rappeurs dans certains de leurs titres, Leroy Antonio 'Nicky' Barnes est revenu à la lumière (ici en contre-jour !) l'année dernière à deux reprises. Sous les traits de Cuba Gooding Jr. dans le récent film de Ridley Scott et, presque simultanément, en tant que sujet principal du documentaire de Marc Levin. Les gangsters connaitraient-ils, dans le sillage de la vogue actuelle des années 1970, un retour en grâce, au moins au cinéma ? Successeur de Frank Lucas, personnage central d'American Gangster, à la tête du trafic de drogue dans les quartiers noirs de New York, 'Nicky' Barnes conserve vingt ans après sa disparition officielle* une image contrastée tant chez ses proches, anciens collaborateurs ou adversaires qu'auprès de l'opinion publique, en particulier celle des Afro-américains.
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Dans Mr. Untouchable**, Marc Levin retrace dans le détail le parcours, ascension puis chute, du toxicomane de quatorze ans devenu le patron charismatique et inconstesté du commerce de l'héroïne à Harlem, Brooklyn et dans le Bronx, partenaire exclusif de la mafia italo-américain. A l'apogée de son activité, la petite entreprise animée par un conseil de sept individus atteignait un chiffre d'affaires de 72M$ et générait un profit probablement inavouable. Paradoxalement, les victoires judiciaires remportées par David Breitbart, l'avocat de Barnes, à l'origine de son provocant et ironique surnom** (dont l'impact fut habilement amplifié par le journaliste du "New York Times Magazine" Fred Ferretti) contribuèrent à son arrestation, à son procès et finalement à son incarcération en 1978.
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A partir des témoignages de Barnes lui-même, de son ex-épouse Thelma Grant, de son associé 'Jazz' Hayden et autres lieutenants ou avocat, d'officiers de police et magistrats, de journaliste se précise la personnalité et la dualité d'un individu obsédé par l'argent et les multiples pouvoirs et privilèges qu'il octroie mais aussi l'assistance qu'il peut apporter aux plus démunis de ses "frères". Au-delà du portrait d'une sorte de Tony Montana Black, pur produit du côté négatif du fameux rêve américain, lecteur attentif du "Il Principe" de Niccolò Machiavelli dont les aphorismes scandent le film, c'est aussi au rappel d'une tranche d'histoire politique et sociale que nous convie l'intéressant documentaire de Marc Levin.
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*placé depuis 1986 sous le régime fédéral de la protection des témoins et menacé oar un contrat d'un million de dollars.
**également titre de l'autobiographie de Barne publiée en 2007 et, bien sûr, le surnom au pluriel donné à la célèbre équipe d'agents fédéraux au sein du Bureau of Prohibition dirigée par Eliot Ness. A noter qu'un moyen métrage documentaire sur Guy Fisher, l'un des adjoints et membre du Council est sorti en 2005.

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