"... Et j'aimerais bien savoir c'qui c'est passé, quoi."
Vikash Dhorasoo commencait-il déjà, à la veille de la Coupe du monde de football 2006, à penser à sa reconversion ? Le sympathique mais fantasque milieu de terrain offensif d'origine indo-mauricienne allait, en effet, mettre fin à sa carrière de joueur une saison et demi plus tard, le 11 janvier 2008 précisément. Au terme d'un parcours qui l'avait vu appartenir aux effectifs de quelques uns des clubs les plus distingués du championnat français, brièvement interrompu par un transfert au Milan AC. Né dans une petite localité proche du Havre, ville où il s'est formé sur le plan sportif et a débuté professionnellement, Dhorasoo a successivement porté les maillots de l'Olympique lyonnais (période au cours de laquelle il est sélectionné pour la première fois par Roger Lemerre en équipe de France), des Girondins de Bordeaux et du Paris SG, des clubs qu'il a presque toujours quitté en raison de différends avec ses entraîneurs.
Retenu par Raymond Domenech (ex-Lyonnais, Parisien et Bordelais, entre autres !) sur la liste des vingt-trois joueurs de l'équipe de France pour le Mondial 2006 en Allemagne, le petit numéro huit, co-artisan de la qualification en phase finale, doit y faire face à une concurrence sérieuse(1). Il ne jouera d'ailleurs que deux matchs en phase de poules avant d'être relégué au banc des remplaçants.
C'est cette expérience unique(2) qui est relatée dans le bien nommé Substitute(3). En avril 2006, soit deux mois avant l'ouverture officielle de la compétition, Dhorasoo se voit confier par Fred Poulet, auteur-compositeur-interprète notamment de l'album "Milan Athletic Club" (2005), deux caméras Super 8. Objectif : apporter un témoignage sur cette "aventure" exceptionnelle qui débute, allant d'un bref pèlerinage aux sources havraises au retour au bercail parisien après la finale perdue contre l'Italie en passant par un déterminant match de préparation où Dhorasoo est amené à remplacer Z. Zidane.
Avouons-le, le matériau rapporté par ce cinéaste amateur infiltré dans l'équipe de France, complété par celui tourné par son complice Poulet, est, sur le plan strictement sportif, plutôt faible. Certains n'y verront qu'un maladroit film de vacances itinérantes(4), sorte de confession narcissico-argentique en quasi huis-clos (dans sa tête et ses chambres d'hôtels) d'un joueur abandonné, voire "trahi". Substitute prend aussi et surtout la forme d'un singulier reportage intim(ist)e dans lequel s'expriment à la fois une certaine douleur, de l'enthousiasme par procuration(5) ou de consolation, désillusionné. Soulignant la grande cruauté des sports collectifs ou des épreuves par équipes (allégorie de la société civile ?).
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1. Patrick Vieira, Claude Makélélé, Florent Malouda, le capitaine Zinédine Zidane, Alou Diarra et Franck Ribéry par ordre de n° de maillot croissant.
2. comme Dhorasoo, A. Diarra n'a participé qu'à deux matchs de la phase finale, Mickaël Silvestre qu'à un seul, Mickaël Landreau, Grégory Coupet, Jean-Alain Boumsong, Gaël Givet et Pascal Chimbonda... à aucun !
3. titre de la chanson des Who figurant sur l'album "Meaty, Beaty, Big and Bouncy" sorti en 1966 (l'histoire d'un type né avec une cuillère en plastique dans la bouche...) et qui illustre une séquence du film.
4. Stuttgart, Leipzig, Cologne, Hanovre, Francfort, Munich, Berlin.
5. "Dimanche, heu... ch'ai plus quoi. On a battu le Brésil hier... Enfin, ils ont battu le Brésil".
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