"Quelle était votre démonstration, au juste ?"
Il fallait à Laurent Tirard
un certain courage pour se lancer, dès son second long métrage, à
l'assaut du mythe Molière. D'autant qu'il avait, sur le sujet, été
précédé par d'autres cinéastes, notamment (et longuement !) par Ariane Mnouchkine, sans remonter au court métrage muet de Léonce Perret en 1909 dans lequel le rôle-titre était interprété par Abel Gance et André Bacqué. Ce Molière est une pure fiction, comédie plutôt plaisante et une peu roublarde, bien servie par un duo d'acteurs inédit, Fabrice Luchini et Laura Morante.
En 1645, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière
n'a encore que vingt-deux ans. Doué pour la farce, l'auteur et comédien
s'entête à monter et jouer des tragédies dans lesquelles il est se
révèle profondément mauvais. Criblé de dettes et poursuivi par les
huissiers, il ne tarde pas à se retrouver en prison dont il est
rapidement tiré par un certain Monsieur Jourdain. Le très riche marchand souhaite, en effet, qu'il l'aide à séduire Célimène, une marquise qui tient salon chez elle, en lui enseignant l'art du théâtre. Afin de ne pas attirer les soupçons d'Elmire, son épouse, Jourdain le fait entrer dans sa maison sous l'habit de prêtre.
"-
Alors jouez des comédies qui explorent l'âme humaine - Ce genre de
comédies n'existe pas ! - Alors inventez-le !" Mme Jourdain aurait-elle été la véritable muse de l'auteur du "Bourgeois gentilhomme" ? Un peu à la manière du Shakespeare in Love de John Madden, Laurent Tirard
et son co-scénariste provoquent, avec un certain humour, la rencontre
imaginaire de l'auteur avec son œuvre. Ils comblent ainsi, de façon
romanesque, cette période méconnue des biographes mais décisive pour la
suite de la carrière du "protégé" de 'Monsieur' alias Philippe de
France, duc d'Orléans et frère du roi Louis XIV. Le seul génie créateur
de Molière ne serait pas à l'origine de ses principales pièces* qui se
télescopent dans le scénario mais le produit de son expérience au cours
de cette dite période. Le casting et la réalisation ne convainquent pas
toujours mais Fabrice Luchini,
dans un rôle de parfait contre-emploi, apporte une densité et une
complexité inattendues au populairement ridicule personnage de M. Jourdain.
___
*par ordre de création "Les Précieuses ridicules" (1659), "L'Ecole
des femmes" (1662), "Tartuffe" (1664), "Le Misanthrope" (1666),
"L'Avare" (1668), "Le Bourgeois gentilhomme" (1670) et "Les Femmes
savantes" (1672).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire