Kyokatsu koso Waga Jinsei (kamikaze club)

"Je suis donc un voyou ?"

L'Occident connaît surtout Kinji Fukasaku pour son adaptation de Batoru rowaiaru, le futuriste "manuel éducatif" de Koushun Takami. La plupart des amateurs de cinéma oublient donc qu'avant de produire avec son fils Kenta ce violent diptyque pendant le tournage duquel il décédera, le réalisateur entré en 1953 à la Toei avait déjà une soixantaine de réalisations à son actif. Le début de sa carrière avait surtout été marquée par une série de polars mettant Sonny Chiba en vedette. Tiré du roman de Shinji Fujiwara(1), Kyokatsu koso Waga Jinsei est le premier des quatre films de Fukasaku sortis en 1968(2).

Shun est fier du chemin parcouru depuis que, modeste serveur dans une boîte de nuit, il avait été le témoin involontaire d'une conversation portant sur de la contrebande d'alcool. Désormais reconverti dans le chantage, Shun a réuni autour de lui ses amis Seki, un ancien yakuza, l'ex-boxeur 'Chasseur zéro' et la séduisante Otoki, très tôt attirée par la délinquance. Cette nouvelle et florissante activité est également à l'origine de sa liaison avec la starlette de cinéma Natsuko Mizuhara. C'est alors qu'il passe quelques jours avec celle-ci qu'Otoki vient lui apprendre que le cadavre du père de 'Zéro' a été retrouvé dans les eaux du port.

Quelque part entre Bonnie and Clyde et The Party qui lui sont contemporains, Kyokatsu koso Waga Jinsei ménage également un étonnant équilibre entre tradition et modernité cinématographiques. L'intéressant récit, partiellement narré (remémoré) en flash-back monochromes, multiplie les ruptures de rythmes et de transitions, élaborant pas à pas l'irréversible destin d'un sympathique voyou trop ambitieux. Rénovateur du genre yakusa eiga, Kinji Fukasaku(3) est aussi l'un des premiers cinéastes à insérer des arrêts sur image dans les séquences d'action, technique reprise plus tard, entre autres, par un certain John Woo. Aux côtés du déjà capé Hiroki Matsukata, acteur principal de plusieurs épisodes de la saga Jingi naki tatakai, et de la jeune Tomomi Sato(4), future interprète de Kozure Ôkami: Meifumadô de Kenji Misumi, apparaissent dans des personnages secondaires mais décisifs les excellents Kenjiro Ishiyama, Tetsuro Tamba et Shigeru Amachi.

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1. auteur notamment de Akai satsui porté à l'écran en 1964 par Shohei Imamura.

2. avec Kurotokage, diffusé en France il y a un peu plus de vingt ans.

3. très bientôt appelé à remplacer Kurosawa à la co-direction de la superproduction américano-japonaise Tora! Tora! Tora!.

4. dans son deuxième rôle au cinéma après celui dans Aru koroshiya no kagi de Kazuo Mori, film lui aussi tiré d'une histoire de Shinji Fujiwara.