"If it is blood you seek, you are welcome to join us."
Ce n'est pas en découvrant, au Musée du Louvre, la toile néoclassique de Jacques-Louis David datée de 1814 mais en regardant The 300 Spartans, la modeste production de Rudolph Maté avec Richard Egan sortie en 1962, que Frank Miller aurait eu l'idée de "300", sa série de bandes dessinées parue en 1998. Depuis, comme pour son aîné britannique Alan Moore,
les publications de l'artiste ont connu les faveurs du cinéma avec un
degré d'implication et un succès nettement plus marqués. La mission
confiée par la Warner à Zack Snyder (aux commandes de Watchmen actuellement en tournage)
était simple : réaliser un blockbuster efficace et rentable. Avec un
budget de 63M$, le film a généré plus de 456M$ de recettes à travers le
monde (dont 210M$ aux Etats-Unis)*. Dans le sillon creusé par Sin City, qui avait révolutionné le polar, 300 rénove très "énergiquement" le péplum d'action.
Léonidas, le roi de la puissante cité de Sparte, reçoit la visite d'un messager de Xerxès,
le monarque-divin de Perse dont les armées ont déjà conquit le Nord de
la Grèce. L'envoyé, porteur d'une proposition de soumission contre la
paix, et ses gardes sont jetés dans une profonde fosse. Contre l'avis de
l'oracle des éphores et celui du conseil, hostile à l'engagement de
l'armée, Léonidas rassemble trois cents soldats pour affronter
l'envahisseur devant le défilé de Thermopyles. Sa troupe, renforcée en
route par celle des Arcadiens menée par Daxos, arrive bientôt sur les falaises pour assister à la déroute de la flotte ennemie prise dans une tempête.
Mais
au soleil levant, elle ne peut que constater l'inégalité numérique du
combat qu'elle va devoir mener face aux considérables forces adverses.
Pendant que ses hommes consolident le vieux mur érigé par les Phocidiens
en utilisant les éclaireurs mèdes comme mortier, Léonidas est abordé par le difforme Ephialtès
qui l'a suivi depuis Sparte. Celui-ci lui révèle l'existence d'un
sentier de contournement et souhaite combattre à ses côtés. Sa requête
est repoussée par le monarque.
En illustrant, avec son style très singulier, la première des six batailles des Thermopyles, Frank Miller
cherchait évidemment à privilégier son probable impact graphique plus
qu'une reconstitution historique. L'adaptation cinématographique, tout
en prenant quelques libertés narratives, reste fidèle à ce choix
initial. Tourné sur fonds bleus et verts pendant soixante jours,
post-produit sur ordinateurs pendant près d'un an, 300 mise essentiellement sur le spectaculaire, et de ce point de vue, le film de Zack Snyder et de ses équipes est réussi (contrairement au Alexander d'Oliver Stone ou au Troy de Wolfgang Petersen, autres productions Warner avec lesquels il partage d'ailleurs une partie de ses accessoires).
Péplum rock'n roll**, 300
impressionne davantage par son énergie virile, sa photographie et son
montage nerveux que par la force de son message un peu manichéen,
civilisation contre barbarie, liberté (à l'inverse d'Athènes, Sparte n'était pas une démocratie)
contre tyrannie, rationalité contre mysticisme, héroïsme contre
traîtrise. Dans la limite de son ambition commerciale et formelle, 300 fonctionne bien.
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*classé 8e des films sortis depuis un an, 300 fait jeu égal avec Mission: Impossible (Paramount), Gladiator (DreamWork) et The Last Samurai (Warner). Il est également 8e au classement des adaptations de comics, loin derrière la trilogie Spider-Man mais devant Batman Begins et Superman Returns produits aussi par Warner.
**le compositeur Tyler Bates a tenu la guitare et chanté dans le fugitif trio rock Pet (1996).
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