"Tu as toujours été sur mon cœur."
Rassurez-vous, Chang Cheh ne s'est pas reconverti dans le drame romantique. Da jue dou pourrait même revendiquer le titre du dernier des six films du réalisateur sortis également en 1971, Shuang xia.
Quelqu'un a-t-il déjà essayé de relever le nombre de personnages occis
pendant les quelques quatre-vingt quinze minutes de métrages* ? Quentin Tarantino
peut-être qui l'a programmé pour la première édition de son festival
texan en 1996 et s'en est sûrement rappelé au moment de la production de
Kill Bill.
La copie diffusée en 1973 aux Etats-Unis avait d'ailleurs été réduite
d'une quinzaine de minutes pour éviter le restrictif rating NC-17. Pour les amateurs, Da jue dou vaut son pesant d'hémoglobine factice**. Pour les autres, l'intérêt se portera plutôt sur ce huitième (des trente-sept) et efficace face-à face Ti Lung-David Chiang.
Shen Tian-hong, avec l'appui du 'Vagabond du sud', profite des funérailles de Liao Xing-bang pour tenter de se débarrasser de son rival Liao Shou-yi. Celui-ci réussit à s'enfuir mais perd une grande partie de ses hommes. Au cours du banquet qui suit cette victoire, Shen annonce son retrait des affaires. Mais il est bientôt tué pendant une attaque menée par Liao. A la demande de ses frères aînés Tang Ren-lin et Gan Wen-bin, Tang Ren-jie, le fils adoptif de Shen, accepte d'endosser officiellement la responsabilité du combat dans le restaurant de Liu en s'exilant dans le Sud du pays. Un an après son départ, alors qu'il n'a plus aucune nouvelle ni aide de son clan, Ren-jie devient la cible de plusieurs tentatives d'élimination.
Les jolies prestations (athlétiques)
des deux acteurs principaux servent, hélas, un scénario nettement moins
affûté que les poignards qu'ils manient si volontiers tout au long du
film. L'intrigue de pouvoir et de perfidie se révèle rapidement un peu
trop mécanique, surtout prétexte à la multiplication de combats souvent
peu crédibles mais assez spectaculaires. L'outrance habituelle de Chang Cheh
et les quelques maladresses de réalisation qu'il commet apparaissent,
du coup, plus visibles et, au choix, contrariantes ou drôles. L'on
s'amuse également aussi à relever certaines ressemblances dans le jeu et
les attitudes de Ti Lung avec Bruce Lee qui tournait Tang shan da xiong la même année et à l'utilisation d'un extrait du "Also sprach Zarathustra" de Richard Straus*** ou d'un motif musical de la partition de John Barry pour James Bond.
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*en version vidéo.
**compétiteur des deux premiers volets de Evil Dead en terme de cubage !
***rendu célèbre au cinéma, trois ans plus tôt, par un certain Stanley Kubrick.
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