"From which no traveler returns"
La pré-production de The Man Who Knew Too Much est sur le point de démarrer lorsqu'Alfred Hitchcock reçoit la commande d'une comédie, Waltzes from Vienna.
Un film, tirée d'une pièce de théâtre, assez éloigné de ses sujets et
réalisations habituels, mais dont il se sort honorablement. Cette même
année 1933, le cinéaste et le Hongrois Alexander Korda,
arrivé à Londres en 1931 après un passage à Hollywood, travaillent
ensemble sur un projet qui ne se concrétisera pas. En mai 1934, Hitchcock passe sous contrat avec la Gaumont British de Michael Balcon(qui fera ensuite carrière aux Ealing Studios) et commence, à la fin du mois, le tournage du film aux studios Lime Grove. Le scénario repose sur un sujet développé par Charles Bennett (auquel on doit déjà Blackmail) et D.B. Wyndham-Lewis partiellement inspiré d'un fait réel.
Bob et Jill Lawrence sont en vacances d'hiver à St-Moritz avec leur fille Betty. Ils se sont liés avec le Français Louis Bernard qui les invite à dîner avant son départ. Pendant que Jill et Louis dansent ensemble, ce dernier est tué par une balle ayant traversé la baie vitrée. Avant de mourir, Louis a le temps de donner à Jill la clé de sa chambre pour y recueillir une information apparemment cruciale. Bob trouve en effet un message énigmatique dans la poignée d'un blaireau avant que la police n'investisse la chambre du décédé. Dans le couloir, il croise Ramon Levine, l'adversaire victorieux de son épouse au tir aux pigeons, puis est conduit dans le bureau du directeur de l'hôtel. Dans la pièce à côté, Jill est déjà interrogée par la police. Lorsqu'il réussit à rejoindre son épouse, Bob tient en main un message qui leur intime de garder le silence émanant des kidnappeurs de Betty.
Présenté à tort comme le vrai premier film hitchcockien*, The Man Who Knew Too Much est remarquable à plusieurs titres. D'abord par son étonnante efficacité dramatique, grâce notamment à sa concision (le métrage de la version hollywoodienne de 1956 est plus long d'environ quarante-cinq minutes). Le réalisateur y explore des ambiances de plus en plus sombres, proches du film noir, voire de l'horrifico-fantastique, créant un contraste frappant avec l'immaculée et lumineuse séquence d'ouverture. Ensuite par le choix des acteurs, à commencer, bien sûr, par celui de Peter Lorre dans son premier film hors de l'Europe continentale. L'interprète de M dut d'ailleurs, ne parlant pas anglais, apprendre ses répliques en phonétique. Mais il est souvent plus expressif dans les gros plans muets que le réalisateur s'est visiblement délecté de multiplier, en particulier celui qui précède son coup porté au personnage de Bob dans la dernière partie du film. Etonnant casting dans un rôle positif de Leslie Banks qui venait de tenir celui de l'inquiétant comte Zaroff et que l'on retrouvera en chef de gang dans Jamaica Inn.
The Man Who Knew Too Much déplut au patron de la Gaumont British qui voulut le faire remanier par Maurice Elvey(Hindle Wakes, The Clairvoyant). L'obtention d'une sortie test par le producteur associé Ivor Montagu et son succès permit au film de conserver son montage original. Hitchcock lui-même n'était pas complètement satisfait de son travail puisqu'il entreprit d'en faire un remake pour Paramount, le seul de sa carrière. Très différente et surtout destinée à rassurer le public du réalisateur désorienté par les sorties successives de To Catch a Thief et The Trouble with Harry, la "sentimentale" et psychologique version US est formellement plus soignée, la fameuse scène au Royal Albert Hall acquérant notamment une intensité que n'avait pas la précédente. Mais elle ne reprenait pas la singulière partie finale mettant en scène un assaut ressemblant fort à l'historique "siège de Sidney Street" de 1911.
___
*comment qualifier alors The Lodger, Blackmail, Murder! ou Number Seventeen ?
Bob et Jill Lawrence sont en vacances d'hiver à St-Moritz avec leur fille Betty. Ils se sont liés avec le Français Louis Bernard qui les invite à dîner avant son départ. Pendant que Jill et Louis dansent ensemble, ce dernier est tué par une balle ayant traversé la baie vitrée. Avant de mourir, Louis a le temps de donner à Jill la clé de sa chambre pour y recueillir une information apparemment cruciale. Bob trouve en effet un message énigmatique dans la poignée d'un blaireau avant que la police n'investisse la chambre du décédé. Dans le couloir, il croise Ramon Levine, l'adversaire victorieux de son épouse au tir aux pigeons, puis est conduit dans le bureau du directeur de l'hôtel. Dans la pièce à côté, Jill est déjà interrogée par la police. Lorsqu'il réussit à rejoindre son épouse, Bob tient en main un message qui leur intime de garder le silence émanant des kidnappeurs de Betty.
Présenté à tort comme le vrai premier film hitchcockien*, The Man Who Knew Too Much est remarquable à plusieurs titres. D'abord par son étonnante efficacité dramatique, grâce notamment à sa concision (le métrage de la version hollywoodienne de 1956 est plus long d'environ quarante-cinq minutes). Le réalisateur y explore des ambiances de plus en plus sombres, proches du film noir, voire de l'horrifico-fantastique, créant un contraste frappant avec l'immaculée et lumineuse séquence d'ouverture. Ensuite par le choix des acteurs, à commencer, bien sûr, par celui de Peter Lorre dans son premier film hors de l'Europe continentale. L'interprète de M dut d'ailleurs, ne parlant pas anglais, apprendre ses répliques en phonétique. Mais il est souvent plus expressif dans les gros plans muets que le réalisateur s'est visiblement délecté de multiplier, en particulier celui qui précède son coup porté au personnage de Bob dans la dernière partie du film. Etonnant casting dans un rôle positif de Leslie Banks qui venait de tenir celui de l'inquiétant comte Zaroff et que l'on retrouvera en chef de gang dans Jamaica Inn.
The Man Who Knew Too Much déplut au patron de la Gaumont British qui voulut le faire remanier par Maurice Elvey(Hindle Wakes, The Clairvoyant). L'obtention d'une sortie test par le producteur associé Ivor Montagu et son succès permit au film de conserver son montage original. Hitchcock lui-même n'était pas complètement satisfait de son travail puisqu'il entreprit d'en faire un remake pour Paramount, le seul de sa carrière. Très différente et surtout destinée à rassurer le public du réalisateur désorienté par les sorties successives de To Catch a Thief et The Trouble with Harry, la "sentimentale" et psychologique version US est formellement plus soignée, la fameuse scène au Royal Albert Hall acquérant notamment une intensité que n'avait pas la précédente. Mais elle ne reprenait pas la singulière partie finale mettant en scène un assaut ressemblant fort à l'historique "siège de Sidney Street" de 1911.
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*comment qualifier alors The Lodger, Blackmail, Murder! ou Number Seventeen ?
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