"Vous avez changé, vous savez."
La
trilogie, narrative ou thématique, constitue une forme de composition
délicate parce qu'elle impose d'emblée une cohérence artistique et une
constance qualitative. Il est, en effet, préférable pour un réalisateur
de maintenir ses trois volets à un niveau au moins comparable*. Tel
n'est pas le cas de Chinjeolhan geumjassi, l'opus final de la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook. Le cinéaste sud-coréen avait, il est vrai avec Oldboy, placé la barre un peu haut et créé une attente probablement inconsidérée. Comparé au "Grand prix" du Festival de Cannes 2004, ce troisième film, sélectionné l'année dernière à la Mostra, s'apparente davantage à un pur exercice de style, remarquable par la technique (parfois ostentatoire) mise en œuvre, mais relativement pauvre et maladroit sur le plan narratif.
Lee Geum-ja sort de prison après une peine de réclusion de treize ans et demi. Accusée en 1991, à l'âge de dix-neuf ans, pour le kidnapping et le meurtre de Park Won-mo, un enfant de cinq ans, la jolie jeune femme a apparemment utilisé cette longue période d'enfermement pour s'amender, gagnant au passage, grâce à son dévouement pour ses camarades d'infortune, le surnom de "Geum-ja au grand cœur"** tout en cherchant la voie de la rédemption par la foi. Mais, contre toutes attentes, elle refuse de consommer le traditionnel gâteau de tofu, symbole de purification, apporté par le pasteur à l'origine de sa catéchèse. Geum-ja a, en réalité, soigneusement élaboré un plan grandiose destiné, avec la complicité de certaines de ses compagnes de prison, à assouvir sa vengeance. Pour quel(s) motif(s) et dirigée contre qui ?
Oldboy avait confirmé les obsessions de Park Chan-wook entrevues dans Boksuneun naui geot, la claustration, la violence, la manipulation, la trahison, en particulier celle dont sont victimes des enfants. Avec ce film, nous nous étions également habitués aux ruptures de continuité chères au réalisateur. Sympathy for Lady Vengeance renoue avec tout cela, mais de manière nettement moins percutante, harmonieuse et, finalement, convaincante. Park Chan-wook est indéniablement un formidable et brillant artisan, maniant avec autant de dextérité la caméra et l'ironie cruelle. Mais ici, une partie de l'intérêt de l'intrigue est dissoute par la complexité du scénario, multipliant narrations, montage alterné et flash-back.
Celui-ci amorce toutefois un important virage après un peu plus d'une heure de métrage susceptible de raviver l'attention du spectateur. Un second visionnage profite très nettement au film mais sans pour autant permettre au double calibre de Geum-ja d'être réellement plus performant que l'unique lame de Beatrix Kiddo, alias 'la Mariée' de Kill Bill 2. On retiendra surtout l'étonnante prestation, dans un contre-emploi, de la romantique Lee Yeong-ae, déjà présente dans Gongdong gyeongbi guyeok JSA, ainsi que la qualité des principaux seconds rôles et de la bande musicale vivaldienne des compositeurs.
___
*ce que, contrairement à Spielberg avec Indiana Jones, Baz Luhrmann et sa trilogie du "Rideau rouge", Lucas Belvaux et Peter Jackson, n'avaient pas réussi les réalisateurs de la première-seconde partie de Star Wars, ceux de Jurassic Park, Francis Ford Coppola, dans une moindre mesure, avec The Godfather, et récemment Brett Ratner avec X-Men. En attendant le prochain Spider-Man !
Lee Geum-ja sort de prison après une peine de réclusion de treize ans et demi. Accusée en 1991, à l'âge de dix-neuf ans, pour le kidnapping et le meurtre de Park Won-mo, un enfant de cinq ans, la jolie jeune femme a apparemment utilisé cette longue période d'enfermement pour s'amender, gagnant au passage, grâce à son dévouement pour ses camarades d'infortune, le surnom de "Geum-ja au grand cœur"** tout en cherchant la voie de la rédemption par la foi. Mais, contre toutes attentes, elle refuse de consommer le traditionnel gâteau de tofu, symbole de purification, apporté par le pasteur à l'origine de sa catéchèse. Geum-ja a, en réalité, soigneusement élaboré un plan grandiose destiné, avec la complicité de certaines de ses compagnes de prison, à assouvir sa vengeance. Pour quel(s) motif(s) et dirigée contre qui ?
Oldboy avait confirmé les obsessions de Park Chan-wook entrevues dans Boksuneun naui geot, la claustration, la violence, la manipulation, la trahison, en particulier celle dont sont victimes des enfants. Avec ce film, nous nous étions également habitués aux ruptures de continuité chères au réalisateur. Sympathy for Lady Vengeance renoue avec tout cela, mais de manière nettement moins percutante, harmonieuse et, finalement, convaincante. Park Chan-wook est indéniablement un formidable et brillant artisan, maniant avec autant de dextérité la caméra et l'ironie cruelle. Mais ici, une partie de l'intérêt de l'intrigue est dissoute par la complexité du scénario, multipliant narrations, montage alterné et flash-back.
Celui-ci amorce toutefois un important virage après un peu plus d'une heure de métrage susceptible de raviver l'attention du spectateur. Un second visionnage profite très nettement au film mais sans pour autant permettre au double calibre de Geum-ja d'être réellement plus performant que l'unique lame de Beatrix Kiddo, alias 'la Mariée' de Kill Bill 2. On retiendra surtout l'étonnante prestation, dans un contre-emploi, de la romantique Lee Yeong-ae, déjà présente dans Gongdong gyeongbi guyeok JSA, ainsi que la qualité des principaux seconds rôles et de la bande musicale vivaldienne des compositeurs.
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*ce que, contrairement à Spielberg avec Indiana Jones, Baz Luhrmann et sa trilogie du "Rideau rouge", Lucas Belvaux et Peter Jackson, n'avaient pas réussi les réalisateurs de la première-seconde partie de Star Wars, ceux de Jurassic Park, Francis Ford Coppola, dans une moindre mesure, avec The Godfather, et récemment Brett Ratner avec X-Men. En attendant le prochain Spider-Man !
**traduction littérale du titre original.
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