"... As low as that ?"
Première des multiples adaptations de la pièce à succès de l'Irlandais Sean O'Casey, Juno and the Paycock en conserve la théâtralité. L'accueil favorable réservé au film poussa Alfred Hitchcock
à envisager de travailler à nouveau avec cet auteur protestant,
ex-militant pour la libération de l'Irlande. Mais le portage à l'écran
de "Within the Gates" (1934) ne se fit finalement pas. Le
spectateur ne doit pas se méprendre sur la tonalité générale de ce film.
Malgré la musique qui accompagne le générique et l'atmosphère de
comédie dramatique de la première partie, Juno and the Paycock est une œuvre très sombre, presque désespérée.
Une
réunion publique où un orateur prônait la réconciliation du peuple
irlandais est interrompue dans la panique par le tir d'une mitrailleuse.
Le 'captain' Jack Boyle et son voisin 'Joxer' Daly se réfugient dans le pub de Foley dont ils sont les piliers. Au bar, ils s'entretiennent avec la veuve Maisie Madigan qui leur apprend la mort de leur voisin, le jeune Robert Pankhurst,
dénoncé par un inconnu pour avoir participé à un attentat des
républicains et abattu par les indépendantistes. De retour chez lui, 'Peacock' Jack est une nouvelle fois sermoné par son épouse 'Juno', sur le point de partir, pour sa paresse et ses faux prétextes avancés pour ne pas travailler. Mrs Boyle est bientôt de retour accompagné de sa fille Mary et de Bentham, le nouveau prétendant de celle-ci. Le jeune notaire annonce, à la famille réunie, avoir rédigé le testament de William Ellison dans lequel il lègue à son cousin Jack la rondelette somme de quinze cents à deux mille livres sterling. Le moyen pour les Boyle, déjà frappé par le sort avec la perte du bras droit de leur fils Johnny, de sortir enfin de la misère et de partir s'installer ailleurs.
On ne peut raisonnablement affirmer, en voyant cette adaptation de la pièce donnée pour la première fois en 1924 au Abbey Theatre de Dublin, qu'il s'agisse vraiment d'un film d'Hitchcock.
Peu de trace de la maîtrise cinématographique du réalisateur, la mise
en scène semblant uniquement au service de dialogues envahissants, un
probable effet pervers de l'origine littéraire du film et de l'arrivée
récente du parlant. Ce quasi huis clos évangélique et bavard se révèle
nettement moins intéressant que The Informer de John Ford sorti en 1935 et auquel il peut aisément être comparé. Dans la distribution bigarrée apparaissent Sara Allgood qui tenait un premier rôle dans Blackmail, sa sœur Maire O'Neill qui deviendra Juno Boyle pour la télévision en 1938, le réalisateur Sidney Morgan et le débutant au cinéma Edward Chapman (qu'Hitchcock utilisera à nouveau à deux reprises).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire