"Una lettera scritta sopra un viso
Di pietra e vapore."
Di pietra e vapore."
Assistons-nous
à une renaissance des films collectifs, un genre qui a fait florès dans
les années 1960 et 1970, en particulier en Italie ? Dans une époque
caractérisée par l'égocentrisme, cela pourrait être une bonne nouvelle. Eros est, plus certainement, le moyen de revoir à l'affiche le nom de Michelangelo Antonioni. Une idée de l'un des éclectiques producteurs d'Al di là delle nuvole, le dernier long métrage du vieux maître pour lequel il avait reçu l'aide précieuse et nécessaire de Wim Wenders. Parmi les admirateurs du réalisateur de La Notte pour apporter leur contribution, Pedro Almodovar, remplacé pour cause de Mala educación par Steven Soderbergh, et l'inattendu Wong Kar-wai marquent leur accord pour participer à ce projet commun. "Ce n'est pas sur l'habit que la diversité me plaît ; c'est dans l'esprit" affirmait le fabuliste La Fontaine dans "Le singe et le léopard".
Si les styles des trois cinéastes sont résolument singuliers, il n'est,
en revanche, pas sûr qu'à partir du thème qui les réunit, leur
imagination ait été véritablement fertile.
"Le périlleux enchaînement des choses" : En vacances sur les bords de l'Adriatique, Cloe et Christophe
traversent une crise. La communication et le désir semblent avoir
abandonné le couple. Après un déjeuner dans un restaurant sur la plage,
la jeune femme abandonne son compagnon. Celui-ci se rend alors à la
vieille tour où réside la belle cavalière qu'il a aperçue un peu plus
tôt, y recevant un accueil particulièrement chaleureux. "Equilibre" : Nick Penrose,
publicitaire distingué des années 1950, est perturbé par un rêve
récurrent où il voit une mystérieuse femme avec laquelle il a des
relations intimes. Ce sont surtout d'infimes détails qui le tracassent
et il décide d'en parler à un analyste. Pendant la consultation,
l'attention du praticien est rapidement attirée par autre chose que par
le récit de son patient. "La main" : Le tailleur Zhang est venu rendre visite à sa cliente, Mlle Hua. Il se rappelle de leur première rencontre, où, envoyé par son patron, maître Jin,
pour prendre commande et mesures pour une nouvelle robe, le jeune femme
avait, par le geste, renforcé sa vocation professionnelle. Depuis, Zhang
avait confectionné toutes les robes de cette courtisane, accompagnant
aussi la lente déchéance de celle qu'il a toujours secrètement aimée.
Selon les versions, Eros serait soit l'une des forces primordiales issues du chaos primitif (Hésiode), soit le fruit des amours incestueux ou adultères entre Aphrodite et Hermès ou Arès. Dans sa variante cinématographique, Eros
tient davantage du bâtard que du film de bonne famille. Et la présence
de trois "géniteurs" n'explique pas tout. Traduire le désir en images
est chose complexe, la frontière entre la pudeur et l'impudence est
ténue, trop aisément franchie pour des motifs qui ne sont pas toujours
légitimes. Ici, rien de tel, la sobriété est (presque) de rigueur, au risque d'être hors sujet. Le segment de Michelangelo Antonioni
est le plus décevant, faible autant sur le plan visuel que narratif. A
oublier d'urgence, surtout si l'on a aimé les œuvres de la période
faste du réalisateur. Steven Soderbergh prend le pari, risqué, de la comédie et, sans répondre précisément au cahier des charges, parvient quasiment à nous convaincre (et à nous embrouiller) avec son vrai rêve et sa fausse réalité. La partie la plus solide est celle signée par Wong Kar-wai. Dans des atmosphères empruntées aux Hua yang nian hua et 2046("La main" a été réalisé pendant le tournage de ce dernier et avec deux de ses acteurs),
le cinéaste chinois nous offre une de ces belles et tragiques histoires
d'amour dont il a le secret, narrée en flash-back et reposant sur une
subtile inversion d'un rapport de forces, superbement mise en images par
le magicien Christopher Doyle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire