"Breaking down the dreams we make
Real." (in "Cinema")
Yes
En six ans, de 1965 à 1970, la Grande-Bretagne a vu successivement naître six des plus grands groupes de l'histoire du rock (progressif comme on l'appelait à l'époque) : Pink Floyd, Genesis (1966-1975 puis 1975-1992), Jethro Tull, Yes, King Crimson et Emerson, Lake & Palmer. Formé à Birmingham par le chanteur Jon Anderson et le bassiste Chris Squire, Yes
réunit alors Tony Kaye aux claviers, Peter Banks à la guitare et Bill
Bruford à la batterie. Après un concert improvisé au Speakeasy Club de
Londres en octobre 1968, le groupe assure la première partie du concert
d'adieu de Cream au Royal Albert Hall, puis, au même endroit, celle de Janis Joplin avant de signer avec Atlantic Records, label sur lequel sort, en novembre 1969, leur premier album éponyme. Le style de Yes
est singulier, immédiatement identifiable, caractérisé par des
compositions sophistiquées et remarquablement arrangées, mêlant des
influences folk et classiques, avec lesquelles la voix de fausset de Jon
se marie harmonieusement.
"Time and a Word"
paraît en août 1970. Bien qu'enregistré avec Peter Banks, c'est son
remplaçant, Steve Howe, qui apparaît sur la pochette. Avec cet album et
les prestations publiques qui suivent sa sortie, la popularité du groupe
croît rapidement, phénomène conforté par leur participation au concert
d'Iron Butterfly et la parution de leur troisième disque, "The Yes Album", en avril 1971, dont le niveau musical fait un saut qualitatif flagrant par rapport au précédent. "Your Move" entre dans les charts US et "Starship Trooper", "I've Seen All Good People", "Perpetual Change" et "Yours Is No Disgrace"
deviennent des hits durables de leur répertoire. Plus que des chansons,
ces titres sont conçus comme des œuvres symphoniques, souvent
structurées en parties et laissant une large place à un contenu imagé,
voir mystique.
Yes effectue, la même année, sa première tournée aux Etats-Unis en première partie de Jethro Tull.
La préparation de l'album suivant doit s'interrompre lorsque Tony Kaye
quitte le groupe pour rejoindre Peter Banks au sein de Flash, bientôt
remplacé par le fantasque mais flamboyant Rick Wakeman.
Dans cette configuration, qui ne va durer qu'un an, le groupe atteint,
de l'avis de la majorité des amateurs du genre, un sommet instrumental
et musical que traduit "Fragile", écrit et
enregistré en deux mois seulement, l'un des deux meilleurs albums de
cette période, classé numéro sept au Royaume-Uni et numéro quatre aux
Etats-Unis. Avec "Roundabout", Yes surpasse désormais commercialement les grands rivaux Emerson, Lake & Palmer et King Crimson.
"Close to the Edge",
sorti en septembre 1972, confirme le talent et le succès du groupe,
atteignant, sans l'aide de single, respectivement les quatrième et
troisième places en Angleterre et aux Etats-Unis. Les trois longues,
riches et complexes compositions de l'album restent inoubliables pour
ses auditeurs. D'autant qu'elles sont les dernières rythmées par la
pulsation subtile et savante de Bill Bruford, recruté par Robert Fripp
pour former un nouveau King Crimson. C'est à Alan White, un
instrumentiste de session connu pour avoir joué avec le Plastic Ono Band
de John Lennon,
que revient la lourde charge de remplacer ce batteur mélodiste et
technicien hors pair. Les meilleures captations de la tournée de
promotion organisée à travers le monde sont réunies pour former le
triple album "Yessongs".
La gestation de "Tales From Topographic Oceans"
sera plus longue et laborieuse que celle des productions précédentes.
Cette attente contribuera pourtant à en faire un disque d'or avant même
sa sortie en janvier 1974 mais "Tales..."
divisera la critique et le public comme jamais auparavant. Il est aussi à
l'origine du départ, en juin 1974 soit à peine un mois après la sortie
de son deuxième album solo, d'un Rick Wakeman
devenu un membre essentiel du groupe. Le Suisse Patrick Moraz, à la
personnalité nettement moins affirmée, notamment en public, le supplée
en août et participe à la création du plus modeste "Relayer". Chris Squire et Steve Howe, puis les autres membres travaillant chacun à leur propre album solo, l'absence de Yes
suscite l'émergence de groupes de substitution, tel Starcastle. Après
deux autres productions plutôt moyennes malgré le retour provisoire de Wakeman,
Anderson, en mars 1980, quitte à son tour un navire à la dérive sur
lequel embarquent néanmoins le chanteur et guitariste Trevor Horn et le
pianiste Geoffrey Downes. La dissolution du groupe est annoncée en avril
1981. Chris Squire et Alan White réunissent Tony Kaye et le guitariste
sud-africain Trevor Rabin,
devenu un prolifique auteur de musiques de films, au sein de Cinema,
formation qui, après avoir convaincu Anderson de la rejoindre, servira
de rampe de lancement au nouveau Yes et à un nouvel enregistrement, "90125".
9012 Live
Steven Soderbergh
a vingt et un ans et ne possède encore aucune réalisation significative
à son actif lorsqu'il est chargé de filmer l'un des concerts de
clôture, donné le 28 septembre 1984 au Coliseum Bowl d'Edmonton (Alberta, Canada),
de la longue tournée de promotion de ce dernier album. Sa seule
expérience jusque là est celle, brève, de monteur free lance à
Hollywood. Si sa captation n'annonce pas vraiment Sex, Lies, and Videotape,
c'est bien un cinéaste qui est aux commandes, et de surcroît,
visiblement un amateur de musique. Son travail est plutôt adroit,
original et pertinent. En revanche, passée la surprise initiale, les
incrustations et autres effets visuels associés au film deviennent vite
lassants et la version expurgée s'impose pour ceux qui veulent
réellement profiter du spectacle.
Celui-ci
est d'ailleurs partiel puisque manquent huit des titres interprétés ce
soir-là. La prestation est honorable mais l'amateur du premier Yes
qui signe ces lignes a du mal à trouver une qualité et un charme
identiques chez cet ersatz américanisé du groupe de 1972. Le doigté
résolument rock de Trevor Rabin ne parvient pas à faire oublier les
prouesses espiègles et chromatiques de Steve Howe, la frappe
trivialement binaire d'Alan White les chausse-trapes rythmiques de Bill
Bruford et la placidité de Tony Kaye l'exubérance baroque et démoniaque
de Rick Wakeman.
Le groupe :
Chant : Jon Anderson
Basse, chant, : Chris Squire
Guitare, chant : Trevor Rabin
Batterie, percussions : Alan White
Claviers : Tony Kaye
Les titres :
1. Intro
2. Cinema
3. Leave It
4. Hold On
5. I've Seen All Good People
6. Changes
7. Owner of a Lonely Heart
8. It Can Happen
9. City of love
10. Starship Trooper
Bonus Song :
Roundabout
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