mercredi 22 mars 2006

Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri (meurtre à yoshiwara)


"Plus d'argent, plus d'amour."

Les films des années 1960 de Tomu Uchida sont réputés être moins réussis que ceux de la décennie précédente. Cette opinion repose sur une généralisation un peu hâtive dont Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri peut constituer un utile contre-exemple. Inspiré du kabuki, ce film, l'un des plus conventionnels du réalisateur et également l'un des plus connus en Occident, a conservé une grande partie de sa théâtralité originelle. Remarquablement mis en scène et brillamment interprété, notamment par Chiezo Kataoka avec lequel Uchida venait de tourner plusieurs films dont la trilogie Daibosatsu tôge tirée de l'œuvre de Kaizan Nakazato, ce drame moral et de la fatalité souffre néanmoins d'une certaine langueur qui l'empêche de rivaliser avec les autres films produits sur la base des scénarii du collaborateur de Kenji Mizoguchi, Yoshikata Yoda.
Abandonné par ses parents alors qu'il était un nourrisson, Sano Jiro est devenu le riche patron d'une fabrique de tissu. Affublé depuis la naissance d'une disgracieuse tache sur le côté droit du visage, il a du mal à trouver une épouse. Son voyage à Edo avec Seisuke pour rencontrer la fille d'un parent éloigné de son client Echigoya se solde également par un échec. Celui-ci l'invite alors à Yoshiwara où, dans la maison close de Hyogoya, Sano fait la connaissance de l'ancienne détenue devenue geisha Otsuru. La jeune femme, contrairement à ses homologues, ne semble pas être indisposée par le défaut esthétique de son client qui s'en trouve ragaillardi et s'attache à elle. Otsuru, dont l'ancien maquereau Eiji réapparaît bientôt, caresse en effet l'ambition de devenir première concubine et voit en Sano le moyen de la réaliser.
Que l'on ne se méprenne pas, il ne manque pas grand chose pour faire de Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri un authentique très grand film. Une peinture plus sombre des personnages sans scrupules qui peuplent son intrigue et un supplément de souffle lyrique y auraient incontestablement contribué. Peut-être attend-on aussi une singularité plus grande, caractéristique de son cinéma, de la part de Tomu Uchida qui, ici, paraît faire défaut. Mais, même en campant sur une position critique radicale, la splendide scène finale justifie, à elle seule, de voir le film. 

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