"J'ai vu la mort dans ses yeux."
Deux ans après la sortie du succès commercial El Gran calavera, Luis Buñuel est à nouveau entrepris par Óscar Dancigers avec lequel il a entre temps produit Los Olvidados. Le film, salué à Cannes et aux "Ariel" mexicains, a néanmoins fait scandale dans son pays d'adoption et le cinéaste, qui est entrain de terminer le tournage de Susana, accepte de mettre en scène une nouvelle adaptation de "Don Quintín el amargao", la pièce de Carlos Arniches et Antonio Estremera.
Cette œuvre du théâtre populaire espagnol est plébiscitée par le
public depuis sa première au début des années 1920. Manuel Noriega et Luis Marquina (pour son premier film)
l'ont déjà portée au cinéma respectivement en 1925 et en 1935. Derrière
cette deuxième version, qui fait souvent référence, apparaissait la
société Filmófono pour laquelle Buñuel
était à l'époque le producteur exécutif. Malgré son statut de "film
alimentaire", c'est donc avec un certain enthousiasme teinté de
nostalgie que celui-ci entreprend ce projet.
Don Quintín Guzmán est un modeste et malchanceux voyageur de commerce. Ses revenus sont si faibles qu'il ne parvient pas à subvenir aux besoins de son épouse María et de sa très jeune fille Martha. Son ami Julio l'envoie à Monterrey pour y réaliser une affaire qu'il espère fructueuse. Mais, à cause d'un éboulement sous la voie, le train doit revenir deux heures plus tard à sa gare de départ. Lorsqu'il rentre chez lui, Quintín découvre sa femme en intime compagnie avec Julio. Il tire sur l'amant qui a prit la fuite et chasse María, l'empêchant d'emmener sa fille. Au comble du désespoir, l'adultère finit par lui déclarer qu'il n'en est pas le père. Quintín, sous l'effet de cette double révélation, décide d'abandonner le bébé devant la maison, hors de la ville, de la famille García. Quelques temps plus tard, Don Quintín, aigri et misanthrope, a ouvert un tripot. Il est craint par ses employés pour sa brutalité, en particulier par Angelito qui lui sert d'homme de main. Un soir, alors qu'il vient successivement de se débarrasser sans ménagement d'un fauteur de troubles et d'un jeune perdant désemparé, María pénètre brièvement dans son bureau pour rétablir la vérité : Martha est bien sa fille. Vingt ans ont passé et Don Quintín, devenu le propriétaire du cabaret "El Infierno", se résout à retrouver sa fille après avoir été invité par un curé à se rendre au chevet de María mourante.
L'un des atouts de La Hija del engaño*, qui n'est traditionnellement pas considéré comme une des œuvres majeures de Buñuel, est, sans conteste, la qualité et la simplicité de l'intrigue qui le sous-tend. Mélodrame familial, il prend alternativement des allures de film-noir et de comédie, notamment grâce à la présence de l'expérimenté acteur mexicain Fernando 'Mantequilla' Soto que l'on retrouvera dans La Ilusión viaja en tranvía. Cette adaptation est aussi le plus hollywoodien des films du réalisateur, celui-ci cherchant visiblement** à reproduire les méthodes de production dont il avait été le passif témoin aux Etats-Unis. Mais les caractéristiques filmiques, thématiques et techniques, du cinéaste sont pourtant indéniables. Le rôle du destin et la violence masculine y sont représentés de manière tout à fait singulière. Et la grande sobriété, teintée d'expressionnisme, dans la mise en scène ne laisse aucune doute quant à la signature du film. Récompensé la même année par un "Ariel d'argent" pour sa prestation dans No desearás la mujer de tu hijo, Fernando Soler, pour sa troisième et dernière collaboration avec Buñuel, offre une composition solide. A ses côtés apparaît à nouveau le jeune premier Rubén Rojo, déjà présent dans El Gran calavera.
Don Quintín Guzmán est un modeste et malchanceux voyageur de commerce. Ses revenus sont si faibles qu'il ne parvient pas à subvenir aux besoins de son épouse María et de sa très jeune fille Martha. Son ami Julio l'envoie à Monterrey pour y réaliser une affaire qu'il espère fructueuse. Mais, à cause d'un éboulement sous la voie, le train doit revenir deux heures plus tard à sa gare de départ. Lorsqu'il rentre chez lui, Quintín découvre sa femme en intime compagnie avec Julio. Il tire sur l'amant qui a prit la fuite et chasse María, l'empêchant d'emmener sa fille. Au comble du désespoir, l'adultère finit par lui déclarer qu'il n'en est pas le père. Quintín, sous l'effet de cette double révélation, décide d'abandonner le bébé devant la maison, hors de la ville, de la famille García. Quelques temps plus tard, Don Quintín, aigri et misanthrope, a ouvert un tripot. Il est craint par ses employés pour sa brutalité, en particulier par Angelito qui lui sert d'homme de main. Un soir, alors qu'il vient successivement de se débarrasser sans ménagement d'un fauteur de troubles et d'un jeune perdant désemparé, María pénètre brièvement dans son bureau pour rétablir la vérité : Martha est bien sa fille. Vingt ans ont passé et Don Quintín, devenu le propriétaire du cabaret "El Infierno", se résout à retrouver sa fille après avoir été invité par un curé à se rendre au chevet de María mourante.
L'un des atouts de La Hija del engaño*, qui n'est traditionnellement pas considéré comme une des œuvres majeures de Buñuel, est, sans conteste, la qualité et la simplicité de l'intrigue qui le sous-tend. Mélodrame familial, il prend alternativement des allures de film-noir et de comédie, notamment grâce à la présence de l'expérimenté acteur mexicain Fernando 'Mantequilla' Soto que l'on retrouvera dans La Ilusión viaja en tranvía. Cette adaptation est aussi le plus hollywoodien des films du réalisateur, celui-ci cherchant visiblement** à reproduire les méthodes de production dont il avait été le passif témoin aux Etats-Unis. Mais les caractéristiques filmiques, thématiques et techniques, du cinéaste sont pourtant indéniables. Le rôle du destin et la violence masculine y sont représentés de manière tout à fait singulière. Et la grande sobriété, teintée d'expressionnisme, dans la mise en scène ne laisse aucune doute quant à la signature du film. Récompensé la même année par un "Ariel d'argent" pour sa prestation dans No desearás la mujer de tu hijo, Fernando Soler, pour sa troisième et dernière collaboration avec Buñuel, offre une composition solide. A ses côtés apparaît à nouveau le jeune premier Rubén Rojo, déjà présent dans El Gran calavera.
___
*dont Buñuel n'aimait pas le titre, lui préférant l'original.
**les scènes dans le cabaret en sont les plus flagrantes démonstrations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire