lundi 13 mars 2006

Les Trois couronnes du matelot


"... C'est comme un... comme un bateau ; voilà, un cercueil c'est un bateau."

Dans la nuit du 25 juillet 1958, un jeune étudiant tue son patron antiquaire et le détrousse de modestes valeurs. En sortant de la boutique, il rencontre un matelot qui, informé on ne sait comment du meurtre, lui propose une place à bord d'un bateau en partance prochaine. Contre ce sauvetage inespéré, le marin lui réclame trois couronnes danoises et de bien vouloir écouter l'histoire de sa vie. Les deux hommes s'attablent dans une sorte de café dansant et, après avoir interrogé son cadet sur sa croyance en l'au-delà, le matelot commence son récit. Désœuvré et sans ressources dans sa ville de Valparaiso, celui-ci parvient un jour, grâce à l'information faussement mensongère d'un aveugle, à s'embarquer à bord du "Funchalenne". Commence alors un long périple autour du monde, marqué notamment pas sa rencontre avec la prostituée et fausse vierge Marie, l'adoption, à Singapour, d'un enfant-docteur frappé d'une étrange anomalie qui le fait rajeunir et le naufrage de son cargo par un nuit de calme plat.
Produit pour la télévision et présenté à Cannes dans une section parallèle, Les Trois couronnes du matelot est une pure fiction, au sens étymologique du terme. Influencé par le roman "Die Nacht von Lissabon" (une nuit à Lisbonne) d'Erich Maria Remarque, le film est une vaste et longue (près de deux heures sur un métrage initial du double !) entreprise de distanciation dramatique brechtienne. Le scénario ne possède volontairement aucune aspérité narrative et ne livre pas de solution sur toute sa durée. Le spectateur est alors "embarqué", voire bringuebalé, dans cette aventure chaotique et surréaliste, dans ce jeu de faux-semblants où les personnages sont anonymes, interchangeables et surtout dénués de toute crédibilité. Contrairement au Céline et Julie vont en bateau de Rivette, l'exercice de style (y compris sur le plan visuel avec, en particulier, un intensif usage de filtres colorés) tourne cependant parfois un peu à vide, à l'image de La Belle captive d'Alain Robbe-Grillet sorti la même année, ou de ses plus tardifs La Ville des Pirates ou Mémoire des apparences

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